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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix

Au départ : dix vierges, qui constituent un groupe soudé ; toutes sont invitées par l’Epoux et font donc partie du cercle de ses amis, de ses intimes. Elles prennent l’initiative de sortir à la rencontre de l’Epoux, mais celui-ci « tarde » sans que nous connaissions le motif de son retard. Toutes s’endorment pareillement : les prévoyantes aussi bien que les insensées.
La nuit et le groupe sont divisés en deux parties par le cri : « Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre. » C’est à cette étape du récit que s’opère la séparation irréversible entre les vierges sages et folles, alors que jusque là leur cohabitation ne posait aucun problème. L’Epoux ne reproche rien aux vierges étourdies ; il constate simplement qu’elles ne sont pas à l’intérieur, et qu’il ne les connaît pas.
Pour aller plus loin dans l’interprétation, il faut se risquer à décrypter le langage symbolique de l’huile. Nous constatons d’abord qu’il y a deux sortes d’huiles ; il y a l’huile d’origine, et celle qui est acquise en cours de route, pour suppléer au manque. Seule la possession de l’huile originelle en quantité suffisante donne accès à la salle des noces ; elle conditionne même la reconnaissance par l’Epoux.
Selon Saint Grégoire le Grand, l’huile représente le « langage de l’âme », c’est-à-dire le désir, qui entretient la flamme de l’amour. L’huile originelle représente le désir éveillé par le Christ lui-même au jour de notre première rencontre avec lui et ranimé à chaque moment de conversion intense. Ce désir « d’en haut » manifeste la présence de l’Esprit en nos cœurs, et fait de nous des amis de l’Epoux, invités aux noces. Les vierges qui se sont munies au départ d’une réserve d’huile, sont celles qui sont demeurées fidèles à la grâce des origines, qui ont gardé le souvenir de la rencontre et ont entretenu le désir du retour de l’Epoux. Son retard ne les distraie pas du souvenir de sa présence, et l’assoupissement durant l’attente n’éteint pas la flamme, toujours prête à ressurgir et à brûler avec une nouvelle vigueur.
Toute autre est la situation des vierges folles : sollicitées par d’autres désirs, elles ont oublié le temps de la rencontre, et se sont dispersées dans les multiples convoitises. Le renvoi vers les marchands symbolise cette perversion du désir qui se recourbe vers la terre et devient concupiscence du monde.
Ce qui différencie les deux groupes, c’est finalement la qualité de leur désir ; c’est à cela que l’Epoux les reconnaît : « J’ai contre toi que tu as perdu ton amour d’antan (Ap 2,4) ». On n’entre pas dans la salle de noce avec un cœur saturé de désirs terrestres.
Prise sous cet angle, cette parabole nous concerne tous : ne faisons-nous pas quotidiennement l’expérience de la duplicité de notre cœur, qui tend certes vers Dieu, mais est aussi séduit par les sollicitations du monde ?
Demandons au Seigneur d’unifier notre cœur ; de nous arracher à la dispersion dans les convoitises décevantes, et de faire converger en lui tous nos désirs légitimes, afin que nos vies soient intégrées dans la sienne : « Tout est à vous » (1 Co 3, 21) nous rassure Saint Paul ; mais il ajoute : « mais vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu » (1 Co 3, 23). Le détachement évangélique n’est pas indifférence aux choses de la vie ; il est concentration de l’attention sur la présence de Celui qui donne à chaque événement son poids d’éternité.
« Si nous pouvions goûter combien il est doux de marcher toujours en la présence du bon Dieu, de nous sentir sous son regard, de nous laisser conduire par sa main, confiait le Saint Curé d’Ars, nous penserions toujours à lui, nous ne pourrions pas faire autrement : ce serait notre plus grand bonheur de chaque jour. »

« Par trois fois Seigneur tu dis à ton Eglise par la voix de ton prophète Osée, qu’elle “sera ta fiancée” (1ère lect.) ; tu lui promets de t’unir à elle dans la justice et la fidélité, afin qu’elle puisse te connaître, c’est-à-dire vivre de ta vie. Donne-nous de nous émerveiller devant ce mystère : toi notre Dieu, tu t’es laissé séduire par la beauté de ta créature (Ps 44), alors qu’elle s’est éloignée si loin de toi ? Je veux me laisser “entraîner au désert et t’écouter me parler cœur à cœur”, afin de puiser dans ta Parole la force de te répondre et de me donner à toi pour toujours, dans la fidélité et dans l’amour ».


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