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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

Mercredi Saint

« Rabbi, serait-ce moi ? » Jésus lui répond : « C’est toi qui l’as dit ! ». Il y a dans cette trahison, il y a dans les trente pièces qui encombrent la bourse de Judas, la participation de chacun d’entre nous. Judas met en évidence toutes les trahisons de l’humanité.

Judas, l’apôtre des ténèbres, l’incarnation de l’obscurité de la conscience, le traitre, est avant tout un des Douze, c’est-à-dire un disciple que Jésus a choisi et appelé. Il est important de nous le rappeler. D’abord parce que cela nous enseigne que Jésus nous appelle tout entier : avec nos pauvretés, avec nos inclinations pour le péché. Jésus ne réveille pas seulement la perfection qui pourrait exister en nous, il nous appelle avec nos bons et nos mauvais côtés, il nous sauve tout entier. Ensuite, parce que cela veut dire que Judas est un exemple pour nous. Il ne faut pas l’écarter trop vite, sous prétexte qu’il serait le prototype du disciple raté. Judas est au contraire un exemple parfait de la nécessité de ne pas juger le pécheur. Nous ne connaissons pas son passé, nous ignorons ses conflits intérieurs. Judas a son mystère, comme toute personne. Remarquons seulement que Jésus lui tend la main, jusqu’au bout. Au jardin des oliviers, à l’arrivée du détachement venu chercher Jésus, nous l’entendrons appeler Judas « mon ami ». Le regard de Jésus sur Judas est un regard d’amour et de compassion.

Ainsi en est-il de nous-mêmes. Il ne s’agit pas d’oublier ce que nous sommes, ni de cacher les noirceurs qui nous habitent. Mais elles ne doivent pas nous conduire à la désespérance. Pour entrer avec fruit dans la méditation de la Passion, il nous faut accueillir le regard miséricordieux de Jésus, il nous faut contempler le cœur de l’homme avec le regard d’amour de Jésus. Il nous apparaîtra alors que jamais personne n’est tombé trop bas pour être rejoint par la miséricorde du Seigneur, qu’aucun cœur n’est trop meurtri par le péché pour être guéri par le baume de la miséricorde. L’évangile de ce jour nous invite à accepter notre cœur compliqué et malade, à consentir aux limites de notre fidélité, et à découvrir la lumière de la résurrection qui va bientôt surgir de cette nuit pour la transfigurer.


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