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 - 26 avril 2024 - Bse Alida
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Homélie

Saint Pontien, pape, martyr,

L’accueil réservé par Jésus aux enfants a incontestablement frappé les disciples ; et pour cause : la tradition juive n’idéalise pas l’enfance. Le Psaume 51 (50) n’affirme-t-il pas que l’homme est « pécheur dès le sein de sa mère » (vs 7) ? Ce n’est certes pas en raison d’une soi-disant perfection morale que Jésus nous donne l’enfant comme modèle. Et pourtant il soutient que « le Royaume des cieux est à ceux qui leur ressemblent » ; en Marc et Luc il précise même : « En vérité, je vous le déclare, qui n’accueille pas le Royaume de Dieu comme un enfant, n’y entrera pas » (Mc 10,15 ; Lc 18,17). Quelle est donc l’attitude de l’enfant qu’il nous faut impérativement adopter, pour avoir part avec Jésus dans le Royaume de Dieu son Père ?
Avant tout, ces enfants désiraient « venir à » Jésus ; c’est du moins ce qui transparaît de notre péricope puisque Notre-Seigneur reproche aux disciples de vouloir les empêcher de s’approcher de lui, alors qu’ils cherchaient à le faire. Sans doute les proches du Maître filtraient-ils les demandes et écartaient-ils ce « public » peu intéressant : ils ne posent pas de question pertinente, ils n’ont aucune influence en haut lieu, ils n’ont même pas besoin de guérison ; bref : ils lui font perdre son temps.
Or ce n’est pas ainsi que l’entend Jésus : la gratuité, le désintéressement de leur démarche est précisément ce qui le séduit. Les enfants viennent simplement, sans autre intention que d’être proche de lui ; parce que tel est le langage de l’amour dans la fraîcheur de sa spontanéité. Ils ne sont pas encombrés par la méfiance, l’esprit de calcul, de critique, ni par les complications en tous genres des adultes : ils viennent à Jésus parce qu’ils ont perçu sa bonté, sa douceur, son humilité, et qu’ils désirent simplement jouir de sa présence. Et ils habitent pleinement cette rencontre, avec l’intensité que seul un enfant peut investir dans l’instant présent. Jésus ne leur demande pas un certificat de bonne conduite : il les accueille tels qu’ils sont, il « les embrasse » (Mc 10,13-16), et conformément à la tradition, il les bénit « en leur imposant les mains ».
Et si c’était cela le premier pas de l’esprit d’enfance ? Oser nous approcher de Jésus tels que nous sommes ; lui offrir la joie d’être avec lui, près de lui, d’accueillir sa bénédiction. Car somme toute, que pourrions-nous faire de plus ? Qu’aurions nous à lui offrir que nous n’ayons reçu ? Quelle bonté y aurait-il en nous qui ne résulte de l’action de sa grâce ? Et s’il n’y a en nous aucune bonté, à qui irions-nous pour en acquérir un peu ?
Certes il est louable de faire de grandes œuvres pour Dieu, et bien des Saints en ont accomplies d’étonnantes ; à condition que ce soit le Seigneur qui les accomplisse en nous. Vu sous cet angle, il est légitime de se demander ce que peut bien signifier une « grande œuvre » pour Dieu ? Si l’œuvre de création est infiniment dépassée par l’œuvre de Rédemption, nous pressentons que ce n’est pas dans le déploiement de puissance que se manifeste la valeur de nos actions, mais dans la pureté de la charité qui les anime.
C’est bien ce qu’avait compris Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, qui pour être sûre de ne pas s’enorgueillir de ses œuvres, n’en a tout simplement accompli aucune. Elle s’est contentée de s’appliquer chaque instant de sa vie à faire avec le plus d’amour possible, le rien qui lui était confié, exprimant à son Seigneur son affection par de tout petits gestes, comme seuls les enfants savent le faire.
On raconte que lorsque le jeune Dosithée frappa à la porte du monastère, Saint Dorothée de Gaza, voyant la santé plus que délabrée de ce novice, mais aussi son très grand amour de Dieu, le dispensa de toutes les rigueurs de la Règle, lui enjoignant seulement de renoncer à sa volonté propre en toutes choses, accomplissant le peu qu’il pouvait faire, avec tout l’amour dont il était capable. En peu de temps, le jeune homme s’éleva aux cimes de la sainteté, que les ascètes n’avaient fait qu’entrevoir de loin ! La confiance et la soumission filiales vécues dans le secret d’un cœur d’enfant, ont plus de prix aux yeux de Dieu, que toutes les ascèses extérieures.

« ”Père, Seigneur du ciel et de la terre” (Mt 11,25), donne-nous un cœur d’enfant, que nous puissions te louer en Esprit et vérité ; car “ce que tu as caché aux sages et aux savants, dans ta bonté tu l’as révélé aux tout-petits”. Ce mystère, tu nous l’as fait connaître en ton enfant bien-aimé, Jésus-Christ Notre-Seigneur : c’est lui qui nous a révélé ton visage de Père et qui nous ouvre le chemin jusqu’à toi. Donne-nous de l’imiter, de nous configurer à lui ; ou plutôt : de nous laisser identifier à lui dans l’Esprit, afin que tu le reconnaisses en nous, et qu’à notre tour tu nous reconnaisses comme tes enfants bien-aimés sur qui tu répands tout ton amour. »


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