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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

Saint Etienne de Hongrie,

La rencontre avec le jeune homme riche s’est soldée par un échec : trop lié à ses biens, il n’a pas pu saisir la main tendue. Jésus, ne lui reproche rien ; il ne le critique même pas, mais généralise ce qui lui est advenu à tous ceux qui sont prisonniers des richesses de ce monde. Douloureux constat de l’état d’aliénation de notre pauvre humanité, qui est incapable de renoncer à des biens éphémères pour saisir les biens éternels que Dieu lui tend.
Il est vrai que les premiers se voient, se touchent ; ils sont immédiatement disponibles ; alors que les seconds ne sont perceptibles que dans la foi en tant qu’objets d’espérance. La comparaison avec le chameau cherchant à passer par un trou d’aiguille ne laisse aucun doute sur l’issue de la tentative du riche de pénétrer dans le Royaume. On comprend dès lors la réaction inquiète des disciples : si les riches, c’est-à-dire ceux qui ont les moyens d’offrir des dons et des sacrifices à Dieu, n’entrent pas dans le Royaume, « qui donc peut être sauvé ? » La généralisation opérée par Jésus dramatise encore la situation : « pour les hommes, c’est impossible, quelle que soit leur condition sociale ; car le salut est hors d’atteinte de l’humanité liée par le péché. Cependant, “pour Dieu, tout est possible” » ; car si “l’Eternel a enfermé tous les hommes dans la désobéissance, c’est pour faire à tous miséricorde” (Rm 11,32) ».
Devant cette parole mystérieuse, mais somme toute encourageante, Pierre s’enhardit et interroge le Maître sur la récompense qui attend « ceux qui ont tout quitté pour le suivre : “Qu’y aura-t-il pour nous ? ” » La demande ne manque pas d’ambiguïté, comme si l’apôtre attendait une compensation matérielle pour le détachement consenti. Délicatement, Jésus corrige cette attente en l’orientant vers la nouveauté du Royaume. Le « beaucoup plus » promis par Jésus à ceux qui ont tout quitté pour le suivre, n’est pas de l’ordre de l’avoir - maisons, terre, sécurité d’une vaste fratrie. Jésus nous dit seulement que cet héritage, sans commune mesure avec les biens de ce monde, est « vie », et même « vie éternelle », c’est-à-dire divine.
Il ne s’agit pas d’étendre notre pouvoir ici-bas, mais d’être engendré à une vie nouvelle, caractérisée par Jésus comme une intronisation dans la gloire, ou plutôt la participation à la dignité du « Fils de l’homme siégeant sur son trône de gloire ». Le trône représente le triomphe du Ressuscité. Ce trône unique n’est pas d’abord celui d’un Juge, mais celui du Fils : « Le vainqueur, je le ferai siéger près de moi sur mon Trône, comme moi-même, après ma victoire, je suis allé siéger près de mon Père sur son Trône » (Ap 3,21). Les « douze trônes » où siègeront les apôtres « pour juger les douze tribus d’Israël », symbolisent la participation qui leur est réservée au ministère du Fils unique. L’Apocalypse semble plus généreuse : « Un trône était dressé dans le ciel, et sur le Trône siégeait quelqu’un. Tout autour de ce Trône, vingt-quatre trônes, où siègent vingt-quatre Anciens, portant des vêtements blancs et des couronnes d’or » (Ap 4,3-4). Les Douze tribus d’Israël seront associées aux Douze apôtres dans le triomphe du Fils de l’homme.
« L’Agneau qui se tient au milieu du Trône sera leur Pasteur, pour les conduire vers les eaux de la source de la vie. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux » (Ap 7,17) : ce ne sont donc pas ceux qui se sont réjouis sur terre, mais ceux qui auront versé des larmes de repentir devant l’égarement des hommes, qui seront accueillis par le Christ-Roi. « Beaucoup de premiers en ce monde seront derniers dans le Royaume, et beaucoup de derniers en ce monde seront premiers dans le Royaume ». Certes il est légitime de prendre les moyens pour nous assurer un minimum de bien-être durant notre pèlerinage ici-bas ; mais il ne faudrait pas que ce souci nous fasse oublier les conditions d’accès au Royaume : « Puisque nous sommes enfants de Dieu, nous sommes aussi ses héritiers ; héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, à condition de souffrir avec lui pour être avec lui dans la gloire » (Rm 8,17).

« Seigneur tu ne veux pas la souffrance de tes enfants : elle est une conséquence directe du péché qui affecte notre pauvre humanité. Mais tu veux te servir d’elle pour nous purifier de notre attachement à ce monde qui passe, et tourner notre attention vers la demeure éternelle où tu nous attends. Donne-nous assez de foi pour ne pas nous révolter dans les épreuves ; puissions-nous tout au contraire nous appuyer sur elles pour nous convertir et nous abandonner davantage à ta grâce qui peut tout, car rien ne t’est impossible. »


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