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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

jeudi, 20ème semaine du temps Ordinaire.

La fête s’annonçait bien, mais commence mal ! Les « invités » sont avertis très officiellement par les serviteurs du roi : le grand jour est enfin arrivé, et voilà qu’ils refusent de venir ! Pourtant ils avaient eu le temps de s’y préparer : conformément au protocole en vigueur, ils avaient reçu longtemps à l’avance un carton leur annonçant qu’ils étaient élus parmi les participants « aux noces que le roi fait pour son fils ». En fait, ils n’ont tout simplement pas envie de partager la joie du roi : le récit souligne qu’ils ne font valoir aucune raison suffisante pour décliner l’invitation : ils se contentent d’aller à leurs occupations quotidiennes, sans plus. Certains d’entre eux poussent même l’impertinence jusqu’à maltraiter les envoyés du roi. Difficile de ne pas interpréter cette attitude comme du mépris, voire de la provocation. Aussi la réponse ne se fait-elle pas attendre : les présomptueux vont payer très cher leur insoumission.
Cependant, cet échec ne décourage pas le roi, qui tient absolument à ce que la salle de noce soit bondée ! Puisque ceux qui étaient invités de longue date n’ont pas voulu répondre à l’appel, faisant eux-mêmes la preuve de leur indignité, il se tourne vers le tout-venant parmi ses sujets. Il envoie ses serviteurs « à la croisée des chemins », les chargeant d’inviter tous ceux qu’ils rencontreraient, sans faire de tri entre « les mauvais et les bons ». On devine la surprise de ces convives improvisés se retrouvant dans la salle des noces !
Le récit aurait pu se terminer ici - comme c’est d’ailleurs le cas dans l’Evangile de Luc - annonçant que l’échec de la prédication de Jésus auprès des juifs, ouvrirait aux païens les portes du Royaume. Or voici que Matthieu fait mémoire d’un troisième volet, tout à fait inattendu, de la parabole : après le refus des invités de la première heure, l’accueil improvisé des passants, l’épisode du vêtement de noce semble en effet en contradiction avec ce qui précède. Jésus ne vient-il pas de préciser que la salle rassemblait « les mauvais comme les bons » interpellés sans discernement le long de la route ? Ces invités de dernière minute, rassemblés à la hâte, qui n’ont pas eu le temps de se changer pour venir à la fête, comment le roi peut-il exiger qu’ils portent un « vêtement de noce » ?
La logique interne du récit nous invite à nous élever à une interprétation symbolique de ce fameux habit, qui conditionne la participation aux réjouissances. Disons que quelque chose différencie cet homme que le roi interpelle, et c’est ce « quelque chose » qu’il s’agit de préciser.
« Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir le vêtement de noce ? »
L’étonnement du Maître de maison est sincère et sa question attend une réponse, qui ne vient pas. Ce silence résonne comme un aveu, et révèle surtout la vraie nature du fameux « vêtement de noce » manquant. L’invitation ne consistait pas seulement à consommer le repas destiné aux invités de la première heure, pour éviter que la nourriture ne se perde ; l’appel adressé par le roi était une invitation à entrer dans son intimité en devenant l’ami de l’Epoux. Le vêtement de noce symbolise l’accueil du mystère de grâce que Dieu déploie en notre faveur en son Fils et qui nous donne accès à la parole filiale. Le vêtement de noce, c’est l’hymne d’action de grâce qui jaillit du cœur de celui qui, dans l’Esprit Saint, a reconnu et accueilli le don du Père, et peut ainsi entrer dans sa joie.
Le Seigneur n’exclut personne ; il n’a d’ailleurs pas besoin de le faire : les hommes le font eux-mêmes : en refusant d’entrer en relation avec Dieu, ils s’enferment dans la solitude ; en refusant d’entrer dans sa joie, ils se murent dans la tristesse, s’enfoncent dans les ténèbres, se condamnent « aux pleurs et aux grincements de dents ».
N’est-ce pas ce que nous voyons autour de nous ? Derrière le masque d’une joie toute superficielle, derrière la multitude des discours vides, quelle souffrance, quelle solitude ! A quoi bon multiplier les moyens de communication les plus sophistiqués, alors que nous n’avons plus rien à nous dire, depuis que nous nous sommes coupés de Dieu notre Père, et que l’individualisme a étouffé la fraternité ?

« Père, envoie sur nous ton Esprit Saint, afin que nous ne demeurions pas muets devant toi, mais que reconnaissant l’amour dont tu nous as comblés en Jésus ton Enfant, nous ouvrions nos lèvres et faisions monter vers toi un hymne d’action de grâce et de reconnaissance. Au cœur de ce monde orphelin, tu nous as confiés l’immense responsabilité de révéler ta paternité bienveillante ; pour que notre parole soit féconde, donne-nous de rester fidèles à nos temps d’oraison et d’adoration. Car notre témoignage ne sera crédible que s’il s’enracine dans l’expérience vécue de rencontres personnelles, de colloques intimes, réguliers et profonds, avec toi, Père, et avec ton Fils bien-aimé Jésus-Christ. »


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