Catholic.net International English Espanol Deutsh Italiano Slovensko
 - 26 avril 2024 - Bse Alida
Navigation: Homélie

 

Homélie

Saint Bernard, abbé et docteur de l’Eglise,

Depuis sa plus tendre enfance, Jésus fréquente le milieu des scribes et des pharisiens qui dispensent l’enseignement religieux au peuple de Dieu. Aussi pressent-on à travers les mises en garde que nous venons d’entendre, combien il est navré et souffre de l’hypocrisie de ceux qui devraient être les guides de leurs frères.
Pourtant, avant de dénoncer leurs pratiques, Jésus « sauve » l’essentiel de leur comportement, car même s’ils n’accomplissent pas eux-mêmes ce qu’ils énoncent, ils ont au moins le mérite d’enseigner la Loi de Dieu : « Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. Pratiquez donc et observez tout ce qu’ils peuvent vous dire ». Notre Seigneur souligne ainsi qu’il y a toujours quelque chose de positif à relever dans les agissements de tout homme, aussi dévoyé soit-il ; et que sous cet aspect, il mérite notre respect et même notre obéissance.
L’hypocrisie consiste à vouloir paraître davantage que ce que nous sommes. L’hypocrisie des scribes et pharisiens consiste à se présenter comme la source, les détenteurs d’un pouvoir spirituel qui leur donnerait droit, à titre personnel, à des honneurs particuliers : occuper les premières rangs dans les assemblées, recevoir les salutations sur les places et le titre de Rabbi.
A cette attitude Jésus oppose le comportement que devrait adopter le disciple : « pour vous… ». Cette seconde partie de la péricope présente une structure particulière qu’on appelle un « chiasme » : il est question d’un Rabbi, puis du Père, puis à nouveau d’un Maître. De cette façon, le verset central, qui traite de la paternité divine, est mis en exergue entre deux versets traitant du rôle de l’enseignant. C’est donc à nouveau autour de la figure du Père que tout se noue, et c’est en fonction de la relation avec lui que chacun trouvera la place qui lui revient en vérité. Commençons dès lors par le « cœur » du passage : « Vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux ».
A l’encontre des prétentions des scribes et pharisiens, Jésus insiste sur le fait que tout pouvoir vient d’en haut, du Père, « d’où toute paternité, au ciel et sur la terre tire son nom » (Ep 3,18). Jésus, en sa qualité de Fils unique, participe pleinement à l’autorité de son Père. C’est donc lui le « seul enseignant », ce qui résout par le fait même les problèmes de préséances : « vous êtes tous frères ».
Or cet enseignant qualifié, c’est-à-dire le « seul Maître », celui qui est par conséquent « le plus grand », s’est fait le « serviteur de tous ». « Lui de condition divine, a pris la condition d’esclave » (Ph 2,7), pour nous enseigner, non pas en paroles, mais en acte, quel doit être le comportement de ceux qui sont « tous frères » au sein de l’unique « famille de Dieu » (Eph 2,19), rassemblée par sa « Parole faite chair » (Jn 1,14).
« Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé » : il est clair que la mise en garde de Jésus ne concerne pas seulement les chefs religieux de l’époque : elle dénonce également nos propres hypocrisies. Aussi ce verset conclusif nous offre-t-il un critère sûr pour discerner ce qui en nous appartient encore au monde ancien, et ce qui relève déjà du Royaume. Tout ce qui tend à s’élever dans un mouvement de superbe, trahit l’homme ancien ; tandis que l’abaissement humble et sincère dans la conscience que tout nous est donné par pure grâce, révèle l’action de l’Esprit dans nos vies.

« Vierge Marie, toi qui as conduit Saint Bernard jusqu’aux sommets de la vie mystique, aide-nous à renoncer à la vanité, qui se mêle subtilement à nos actions, même les plus (en apparence) désintéressées. Libérés du souci de notre réputation et du regard des autres, nous pourrons alors monter plus allègrement l’échelle de la sainteté en descendant les marches de celle de l’humilité. »


Accueil | Version Mobile | Faire un don | Contact | Qui sommes nous ? | Plan du site | Information légales