Catholic.net International English Espanol Deutsh Italiano Slovensko
 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
Navigation: Homélie

 

Homélie

lundi, 8ème semaine du temps ordinaire

Cet Evangile nous introduit au cœur de la démarche qui nous est proposée durant le temps dit « ordinaire » : « Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » Probablement le jeune homme qui pose cette question a-t-il écouté et médité les paraboles du Royaume que proposait Jésus durant ses prédications itinérantes ; il a été séduit par la compassion qui rayonne de sa Personne, suscitant sur son passage des guérisons en grand nombre. Aussi va-t-il spontanément attribuer à Jésus le titre de « Bon Maître ». Vu la suite du récit, on peut penser que Notre-Seigneur a immédiatement discerné la qualité de son interlocuteur ; aussi la remarque « Pourquoi m’appelles-tu bon ? Personne n’est bon sinon Dieu seul » ne doit-elle pas être entendue comme un reproche, mais plutôt comme une invitation à aller jusqu’au bout de son intuition : « Si tu es sincère en disant que je suis "bon", tire donc la conclusion de ta remarque, et tu découvriras que tu ne t’adresses pas à un "Maître" de sagesse, mais au Messie ».
Répondant à sa question, Notre Seigneur lui rappelle quelques préceptes fondamentaux de la Torah, portant principalement sur la rectitude des relations à autrui. Il détourne ainsi le regard de son interlocuteur d’une recherche de perfection par l’accomplissement rigoureux des prescriptions légales, pour le ramener au précepte de la charité. Devant la réponse simple et sincère, du jeune homme, Jésus « se mit à l’aimer » ; aussi l’invite-t-il à franchir la distance qui le sépare encore de lui et à le rejoindre dans les rangs de ses disciples - ce qui implique de partager leur pauvreté, condition d’accès à la vraie richesse. Jusqu’à ce jour en effet, le jeune homme devait sans aucun doute verser aux démunis ce que prescrivait la loi, tout en restant lui-même un riche, « car il avait de grands biens ». Ce que Jésus lui propose, c’est de faire comme lui, c’est-à-dire de ne plus seulement être le bienfaiteur lointain de ses frères dans le besoin, mais de les rejoindre dans leur condition, tant il est vrai que l’amour se fait semblable à celui qu’on aime : « Va, donne tout ce que tu as aux pauvres, puis viens, suis-moi ». Comme nous le rappelle Benoît XVI dans sa première Encyclique, le statut de disciple est indissociable de la solidarité avec les plus pauvres, qui doivent jouir de son amour préférentiel. Une religiosité qui se limiterait à une quête de perfection, ne conduirait qu’à une autoglorification stérile et ne ferait pas avancer le Royaume.
En quelques mots, Jésus vient de souligner la spécificité du chemin de l’Evangile : la sainteté ne consiste pas dans une intériorité aseptisée, isolée des autres et de leurs besoins ; elle exige tout au contraire d’entrer dans une réelle compassion envers tous ceux que le Seigneur met sur notre route. Le Pape Benoît XVI n’hésite pas à nous mettre vigoureusement en garde : « Si dans ma vie je néglige complètement l’attention à l’autre, désirant seulement être "pieux" et accomplir mes "devoirs religieux", alors même ma relation à Dieu se dessèche. Cette relation est seulement "correcte", mais sans amour. Seule ma disponibilité à aller à la rencontre du prochain, à lui témoigner de l’amour, me rend aussi sensible devant Dieu » (Deus caritas est, 18).

« Seigneur, toi qui nous as aimés le premier, achève en nous ce que tu as commencé, et donne-nous de puiser dans ton regard, croisé dans l’adoration, la force de te répondre amour pour amour, en nous rendant disponibles aux besoins de nos frères. »


Accueil | Version Mobile | Faire un don | Contact | Qui sommes nous ? | Plan du site | Information légales