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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

Saint-Sacrement

Pour approfondir le mystère de l’Eucharistie, nous relirons l’institution de ce sacrement (dont Saint Paul fait mémoire en seconde lecture) à la lumière de l’Evangile de la multiplication des pains - qui est proposé à notre contemplation en cette solennité du Corps et du Sang du Christ.
Cinq pains et deux poissons pour nourrir une foule innombrable : nous sommes dans un contexte de pénurie et de disette. En tout cas il y a une disproportion alarmante entre ce qui est disponible et ce dont la foule a besoin : « Qu’est-ce que cela pour tant de monde ? » fait remarquer un disciple réaliste (Jn 6,9). Les apôtres ne voient pas comment gérer la situation, sinon en renvoyant tout le monde afin que chacun se débrouille comme il peut. Qu’aurions-nous fait à leur place ? Mais Jésus ne l’entend pas ainsi : il va jusqu’au bout de la responsabilité qu’il a assumée en rassemblant ces personnes autour de lui ; après avoir nourri leur âme, il veut aussi s’occuper de nourrir leur corps, car le salut qu’il propose concerne l’humanité dans son intégralité.
Jésus prend « les cinq pains et les deux poissons » qui sont à sa disposition pour nourrir les « cinq mille hommes », et commence par prononcer la bénédiction sur ce frugal repas. Les Israélites avaient l’habitude de bénir Dieu avant de manger ; mais saint Luc précise : « levant son regard vers le ciel, il prononça la bénédiction ». Il ne s’agit pas pour Jésus d’une formule et d’un geste conventionnels, mais d’une vraie prière : « Vers toi j’ai les yeux levés, vers toi qui te tiens au ciel » (Ps 123, 1).
Spontanément nous rendons grâce pour l’abondance, et nous nous lamentons, nous nous décourageons, voire nous murmurons contre Dieu (cf. Ex 16, 2-3 ; Nb 11, 4-6) lorsque les biens que nous jugeons nécessaires font défaut. Jésus au contraire, sans se plaindre de ce qui manque, rend grâce de ce que le Père met à sa disposition. Et c’est précisément cette attitude qui débloque la situation, car en agissant ainsi, Jésus est remonté jusqu’à la Source de tout bien (cf. Jc 1,17). Par son attitude de reconnaissance, il a ouvert les écluses de la générosité divine. Tous vont manger à satiété et on ramassera même, après le repas, douze paniers pleins du pain restant.
Rien ne nous dit, dans le récit de la multiplication des pains, que Jésus ait mangé. Il a donné les pains aux disciples et les disciples les ont distribués aux foules. Il rend grâce à Dieu non d’avoir quelque chose à manger, mais d’avoir quelque chose à donner. Finalement, Jésus rend grâce au Père pour la possibilité qu’il a de s’associer à son action généreuse : « Père, je te rends grâce pour ce pain que tu as mis entre mes mains, afin que je puisse, en le distribuant, participer ainsi à ta vie d’amour et de don ».
A la dernière cène, comme avant la multiplication, Jésus prend le pain, prononce la bénédiction par laquelle il rend grâce à Dieu, puis il rompt le pain et le distribue. On retrouve les mêmes expressions que dans le récit de la multiplication des pains. Cependant après avoir rendu grâce - le participe grec est eucharistesas, (« rendant grâce ») - Jésus dit en rompant le pain : « Ceci est mon corps qui est pour vous ». L’action se situe dans le prolongement de la multiplication des pains, mais Jésus s’implique ici bien davantage. Explicitons les deux étapes de la prière de Jésus.
« Père, Créateur de toutes choses et source de toute vie, toi qui nourris généreusement toutes tes créatures, je te rends grâce pour ce pain que tu nous donnes et que tu me permets d’offrir en ton Nom à mes disciples ». Tel est le premier sens de l’action de grâce de Jésus dans ce repas pris avec ses compagnons : tout comme il l’a fait lors de la multiplication des pains, Notre Seigneur prolonge le don du Père vers ses disciples.
Mais Jésus sait que ce pain ne restera pas du pain ordinaire : le Père lui offre la possibilité de donner en son Nom non seulement le pain de la terre, mais « le pain de Dieu, celui qui descend du ciel », et qui a la puissance de « donner la vie au monde » (Jn 6,32-33). C’est pourquoi Jésus complète son action de grâce : « Je te rends grâce Père, de me permettre de m’identifier à ce pain, que dans le prolongement de ta générosité, je vais distribuer à mes frères ». L’Eucharistie est don du Père, réalisé grâce au plein consentement et à la pleine participation du Fils, qui, se laissant traverser par l’élan d’amour du Père, se donne en nourriture « pour la vie du monde ». Jésus est non seulement celui qui donne le pain, mais celui qui se donne dans ce pain partagé au Nom du Père.
Si le don que Jésus nous fait est « pour la vie du monde », il ne se limite donc pas au petit groupe des apôtres. C’est pourquoi Notre Seigneur ajoute : « Faites cela en mémoire de moi » (Lc 22,19 ; 1 Co 11, 24-25). Son geste, accompli en action de grâce, se veut à l’origine d’un nombre infini de nouvelles multiplications du pain, réparties dans le temps et l’espace. Cette dernière parole s’adresse d’abord aux apôtres et à leurs successeurs les évêques, ainsi qu’aux prêtres qui leur sont associés, mais elle rejoint aussi chaque baptisé, qui, en vertu du sacerdoce baptismal, est invité à « offrir sa personne et sa vie en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu : c’est là pour chacun d’entre nous l’adoration véritable » (Rm 12,1).
A l’exemple du Christ notre Grand Prêtre, nous sommes tous appelés à nous mettre en son Nom au service de ceux qu’il nous confie, pour faire de notre existence quotidienne un pain rompu pour la vie du monde : « Aimer c’est tout donner, et se donner soi-même » (Ste Thérèse de Lisieux).

« Aujourd’hui par un acte public et solennel, nous glorifions et nous adorons le Pain et le Vin devenus vrai Corps et vrai Sang du Rédempteur. Nous célébrons aujourd’hui une fête solennelle qui exprime l’émerveillement étonné du Peuple de Dieu : un émerveillement plein de reconnaissance pour le don de l’Eucharistie. Nous t’adorons, notre Rédempteur, qui t’es incarné dans le sein très pur de la Vierge Marie. Nous te rendons grâce, Seigneur, pour ta présence eucharistique dans le monde. Pour nous, tu as accepté de souffrir et sur la croix tu as manifesté jusqu’au bout ton amour pour l’humanité entière. Nous t’adorons, Viatique quotidien de nous tous, pèlerins sur la terre » (Jean-Paul II).


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