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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

mardi, 11ème semaine du temps ordinaire

« Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. » La perfection du Père réside dans sa simplicité absolue ; il est parfaitement unifié dans sa seule activité, qui est le rayonnement même de son être qui est Amour. Cet Amour divin déborde de l’intimité trinitaire et illumine la créature. Aux yeux de Dieu, celle-ci demeure aimable quel que soit son état de déchéance, non en raison de ses mérites, mais uniquement parce que Dieu persiste à la créer par amour.
En Dieu, l’amour est toujours premier. Et dire que l’amour est radicalement premier, c’est affirmer par le fait même qu’il est totalement gratuit, pur don.
Voilà quelle est la perfection de notre Père du ciel, perfection à laquelle en tant que fils, nous sommes aussi appelés : aimer d’un amour premier et gratuit. Aimer, non parce que l’autre a été ou pourrait être un bien pour moi – cela, les païens le font aussi ; c’est dans l’ordre même de la nature - mais aimer inconditionnellement, quel que soit l’attitude du prochain et ceci pour la seule raison que telle est la manière dont notre Père du ciel se comporte à notre égard.

Si cet appel à l’amour gratuit se fait entendre au cœur de tout chrétien, il résonne d’une manière toute particulière au cœur de la relation entre les époux fondée sur le sacrement du mariage.
Jeunes couples, après un temps je dirais peut-être « d’idéalisation », et cela est bien normal, on se rend vite compte des imperfections de l’autre et les blessures que l’on tendait au début à excuser facilement laissent des traces plus profondes.
C’est alors que commence le véritable apprentissage de l’amour gratuit, totalement donné, à l’image de celui de notre Père qui nous a été révélé en Jésus-Christ.
C’est alors que le sacrement du mariage peut déployer à l’intérieur d’un couple toute la force qu’il contient. Oui, l’amour conjugal possède en lui-même une force qui permet de dépasser les inévitables crises de la vie. Et de façon très concrète cette force prend un nom : le pardon. La seule façon de persévérer dans la loi du don et de l’échange lorsque le don n’est plus possible, c’est d’entrer dans la logique du par-don. Au-delà du don, dans la même logique de l’amour, il y a quelque chose d’encore plus grand : le pardon ! La vie quotidienne est parfois le lieu d’une épreuve mais, au cœur de cette épreuve, l’amour se découvre pleinement lui-même lorsqu’il va jusqu’au pardon. Dans chaque pardon donné et reçu, notre faiblesse peut s’appuyer sur une force qui est la force même de Dieu, force d’amour gratuit, dynamisme interne de l’être trinitaire lui-même.


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