Catholic.net International English Espanol Deutsh Italiano Slovensko
 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
Navigation: Homélie

 

Homélie

Saint Louis de Gonzague, religieux

« Ne jugez pas », car « Dieu seul est à la fois législateur et juge » (Jc 4,12), pour la simple raison que lui seul est sans péché et sans compromission avec le péché.
Au fond ce que Jésus condamne, ce n’est pas tant le fait de juger, que l’hypocrisie qui s’exprime à travers nos jugements.
Lorsque Notre-Seigneur énonce : « Ne jugez pas pour ne pas être jugés », c’est donc que la matière même sur laquelle nous jugeons nos frères nous accuse en premier nous-mêmes. La suite le confirme : « le jugement que vous portez contre les autres » -concernant telle ou telle faute - « sera porté aussi contre vous » - puisque vous-mêmes la commettez. Autrement dit, il s’agit de nous inscrire dans le champ d’application des condamnations que nous portons sur nos frères.
On entend en écho la parole de Jésus aux pharisiens venant l’interroger sur la légitimité de la lapidation de la femme adultère : « Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette le premier une pierre ! » (Jn 8,7). Nous ne pouvons espérer être nous-mêmes absous de ce dont nous jugeons nos frères. La même condamnation dont nous les accablons retombera logiquement sur nous. Nous serons jugés à l’aulne de notre propre « justice ».
Le second reproche que nous fait Notre-Seigneur - étroitement lié au premier - porte sur la démesure de nos jugements : « la mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous ». Le Seigneur connaît décidément bien nos cœurs ! N’est-il pas vrai que nous sommes habiles à nous trouver des circonstances atténuantes pour justifier nos égarements, alors que nous demeurons d’une intransigeance froide pour les écarts de notre prochain ?
L’entourage du Maître a bien compris la leçon ; aussi Jésus peut-il reprendre son enseignement dans un langage imagé, afin qu’il s’incruste une fois pour toutes dans les mémoires. La disproportion entre la paille et la poutre laisse sous-entendre que celui qui s’instaure « redresseur de torts » est totalement aveuglé sur son état intérieur ; cela ne semble même pas lui traverser la tête de faire un examen de conscience afin de prendre en considération sa propre fragilité. Il s’est instauré norme d’humanité, référence de perfection et donc source de la loi. Mais il se méconnaît totalement et véhicule une image idéalisée de lui-même qui ne correspond en rien à la réalité. Hélas cette suffisance mensongère l’empêche d’accéder à la grâce de la conversion qui aurait pu l’aider à progresser vers la vérité et la liberté. Un tel aveugle est insupportable pour son entourage, et son propre chemin est stérile.
Remarquons bien que Notre-Seigneur ne défend pas de « retirer la paille qui est dans l’œil de notre frère » ; la correction fraternelle est même un exercice conseillé : « Nous vous y engageons, frères, reprenez les désordonnés » (1 Th 5,14), exhorte Saint Paul ; cependant « reprenez-le comme un frère » (2 Th 3,15). Autrement dit il faut que notre intention soit pure, que nous soyons mus par le souci de la sanctification de chacun et du Corps tout entier. Ce qui implique que nous soyons disposés et même désireux de recevoir en retour la correction fraternelle qui nous permettra de nous ajuster nous aussi aux exigences de l’Evangile.
Heureuse la communauté - familiale ou religieuse - qui peut vivre cet exercice de la correction fraternelle dans la lumière et la paix de l’Esprit, dans l’amour et le respect mutuels, et dans une joyeuse émulation à la sainteté.


Accueil | Version Mobile | Faire un don | Contact | Qui sommes nous ? | Plan du site | Information légales