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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

jeudi, 13ème semaine du temps ordinaire

L’autorité extraordinaire de Jésus s’exprime à la fois par la parole et par le geste ; cette autorité attaque le mal dans sa racine : elle a prise sur les cataclysmes naturels comme la tempête, sur les aliénations plus profondes qui s’insinuent dans la vie des hommes, comme la division par l’esprit démoniaque, et finalement sur le péché qui atteint l’homme au sein de sa liberté et paralyse entièrement ses forces vives.
L’épisode de la péricope de ce jour met en scène trois groupes d’acteurs : le paralytique et les porteurs ; les scribes ; la foule. L’enjeu du récit est un approfondissement de la foi, à la lumière d’une articulation inattendue entre pardon et guérison.
Les porteurs et le malade font corps ; leur démarche témoigne de leur foi, mais celle-ci est encore muette, anonyme, collective. Aussi Jésus va-t-il inviter ces hommes à s’approprier leur conviction de manière personnelle. L’invitation à la confiance ou au courage, s’adresse au fils, qui se trouve ainsi dissocié du groupe et interpellé personnellement dans sa foi ; la déclaration « tes péchés sont pardonnés » confirme cette invitation à une relation personnelle avec Jésus.
L’intervention a de quoi surprendre : alors qu’on lui demande implicitement une guérison, Jésus offre une absolution, introduisant ainsi une dissociation entre le pardon et la guérison. Or selon la tradition, la maladie avait pour cause le péché ; pardonner celui-ci devrait donc apporter instantanément la guérison, ce qui n’est pas le cas. De plus, le verbe pardonner dans les Ecrits de la première Alliance, a exclusivement Dieu pour sujet : ce Rabbi ne blasphème-t-il pas en prétendant à un tel pouvoir ?
La réponse de Jésus à la critique des scribes met en jeu non seulement la parole, mais aussi une action concrète, vérifiable, qui permet de vérifier la vérité de ce qu’il affirme. Le titre Fils de l’Homme par lequel Jésus se désigne, renvoie à la prophétie de Daniel, dans laquelle est décrite l’activité royale d’un mystérieux personnage qui siège à la droite de Dieu et exerce le pouvoir en son nom. C’est parce que Jésus est ce Fils de l’Homme, ce Juge eschatologique qui viendra à la fin des temps, qu’il peut dès à présent exercer son autorité souveraine en disposant du droit de grâce réservé à Dieu seul.
La guérison n’est cependant pas une preuve du pouvoir accordé au Fils de l’homme de remettre les péchés, car si toute l’assemblée peut voir marcher le paralytique, aucun d’entre eux ne peut vérifier le pardon de ses péchés : seule la foi peut accueillir et donner sens à la parole de pardon, qui n’a pas de lien nécessaire avec la guérison corporelle ; celle-ci est un signe que Jésus accomplit dans le contexte particulier du débat avec les scribes. Par ce miracle, Jésus manifeste qu’il est venu pour une réconciliation intégrale de l’homme avec Dieu, réconciliation qui s’exprime jusque dans le corps.
Voilà l’objet de la crainte de la foule et de sa louange : en Jésus, Dieu s’est fait proche pour nous manifester son amour personnel, pour nous libérer du joug de la culpabilité et pour nous restaurer dans notre filiation originelle. Les véritables paralytiques de la péricope sont finalement les scribes, qui demeurent prisonniers de leur précompréhension, et sont incapables de se lever et de se mettre en route à la suite de Jésus.


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