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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

Saint Barthélémy, apôtre

Le verbe « voir » apparaît cinq fois dans ces quelques versets. Jésus vient d’inaugurer la série en invitant les premiers disciples à sa suite : « Venez et vous verrez » (Jn 1,39). C’est d’ailleurs cette même invitation que Philippe adresse à Nathanaël en réponse à ses objections. Philippe commence par argumenter avec enthousiasme à partir des Ecritures dont il annonce l’accomplissement en « Jésus, fils de Joseph, de Nazareth ». Nathanaël lui objecte tout à fait légitimement que ni la Loi, ni Moïse, ni les Prophètes n’annoncent un Messie issu de Nazareth ! Philippe ne s’avoue pas pour autant vaincu, et propose à son ami de passer à un autre niveau ; plus exactement, il l’invite à sortir du dédale des interprétations scripturaires, toujours entachées d’obscurité, pour accéder à la lumière de la claire vision : « Viens, et tu verras ». Mais par le fait même, il suggère une incomplétude des Ecritures ; il sous-entend que leur accomplissement implique un dépassement de la lettre, qu’il faut oser quitter pour accéder à la réalité qu’elle annonce. Le « voir » au futur ne peut être atteint qu’au prix d’un déplacement : « viens ». Philippe est invité à abandonner ses repères habituels, pour se risquer dans une démarche existentielle aboutissant à la rencontre avec un Inconnu, annoncé comme le Messie attendu.
Le verbe voir est au futur pour Nathanaël, il est par contre au présent pour Jésus, qui « voit » le jeune homme « venir à lui ». Tous deux s’aperçoivent bien sûr simultanément, mais le regard posé par Jésus sur le nouveau venu plonge au-delà des apparences, jusqu’à sa beauté spirituelle cachée : « Voilà un véritable fils d’Israël, un homme qui ne sait pas mentir ». Se sentant d’emblée reconnu en profondeur, Nathanaël ne peut s’empêcher de manifester son étonnement et sa surprise : « Comment me connais-tu ? », confirmant ainsi la vraie nature du « voir ». Pour comprendre la réponse énigmatique de Jésus il faut savoir que dans la littérature rabbinique « être sous le figuier » signifie étudier la Torah. Jésus révèle à Nathanaël qu’il connaît son amour des Ecritures et son ardent désir d’y découvrir les signes de la présence de celui qui doit venir. Rejoint par ces simples mots au cœur de son désir le plus profond, Nathanaël reconnaît la vanité de son objection concernant Nazareth : seul l’Envoyé de Dieu peut ainsi scruter les consciences pour en manifester les mouvements secrets et les pensées intimes. Lâchant toute résistance il confesse : « Rabbi, c’est toi le Fils de Dieu ! C’est toi le Roi d’Israël ! »
La foi précède l’intelligence du mystère ; ce qui demeure obscur à la raison s’éclaire à la lumière de l’Esprit Saint. Jésus va lui-même venir au devant de l’objection qui habitait le cœur de son nouveau disciple. Certes selon la chair il est né d’une jeune fille donnée en mariage à Joseph, le charpentier de Nazareth ; et il est bien vrai qu’aucune prophétie ne cite cette bourgade comme lieu de provenance du Messie. Mais selon l’Esprit, Jésus vient de Dieu ; il descend des cieux qu’il a ouverts par sa venue, afin que nous puissions y monter, accompagnés par les Anges, lorsque viendra pour nous le jour de retourner à la maison du Père.
Puissions-nous avoir la sagesse de Nathanaël, et ne pas faire dépendre notre adhésion de foi à la Personne de Jésus, des exigences de notre raison. Mais posons d’abord les actes de foi qui nous plongent dans la lumière de l’Esprit, afin de « voir » que nos objections s’évanouissent, à la clarté de la révélation que Dieu nous fait de lui-même « en esprit et vérité » (Jn 4,24).

« “Viens, je te montrerai la Fiancée, l’épouse de l’Agneau” : Seigneur ouvre mes yeux, que je puisse discerner au cœur de ton Eglise encore pèlerine sur cette terre, les prémisses du Royaume qui ne passera pas. “Entraîne moi par l’esprit sur la grande et haute montagne de la foi”, afin que je puisse reconnaître dans notre assemblée eucharistique “la cité Sainte, Jérusalem, qui descend du ciel, d’auprès de toi, resplendissante de ta gloire”. Et au moment de la consécration, accorde-moi de “voir” par la foi, “les cieux ouverts, avec les anges de Dieu qui montent et descendent au-dessus du Fils de l’homme”. »


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