Saint Thomas, apôtre

La fête de saint Thomas nous replonge au lendemain de la Pâque, lorsque Jésus rejoint ses disciples enfermés au cénacle, toutes portes closes. Thomas est celui qui s’est laissé conduire par Jésus de l’incrédulité à la pleine communion au mystère du Christ. S’il est vrai que Jésus a corrigé Thomas : « Cesse d’être incrédule », il lui a surtout donné une béatitude : « Heureux celui qui croit sans avoir vu ». C’est une invitation à aller de l’avant sur les chemins de la foi. Jésus invite à passer de l’expérience immédiate à la foi surnaturelle. Il invite à passer les portes closes qui nous séparent des chemins où il compte envoyer ses disciples, dans la liberté et dans la force de l’Esprit.

Il est facile de le reconnaître, notre situation n’est pas si différente de celle des apôtres. Ils se sont enfermés par crainte de l’extérieur menaçant, par crainte de la force de leurs agresseurs potentiels. Ils se sont enfermés, cela veut aussi dire qu’ils se sont eux-mêmes faits prisonniers ; prisonniers de leurs culpabilités d’avoir tous abandonné et trahi le Seigneur. Nous avons tous ce genre de portes closes à l’entrée de nos âmes : pour se protéger de l’extérieur, rien de tel que de rester à l’intérieur ; pour éviter le regard perçant du remord, rien de tel que de fuir le regard d’autrui ; pour affronter la peur de l’extérieur, rien de tel que la sécurité que procure l’intérieur.

Voici que l’évangile nous présente Jésus qui « vient » et qui « était là au milieu d’eux ». Malgré les difficultés et les obstacles, malgré ces précautions et ces barrières que nous dressons entre le monde et nous, entre nos frères et nous, entre Dieu et nous-mêmes, Jésus entre. Les catégories d’intérieur et d’extérieur ne sont pas les siennes. Lui vient d’ailleurs. Il entre et se tient au milieu. Voilà l’homme nouveau. Le don de sa paix rend dérisoires les petites sécurités que nous nous ménageons à grand peine. Il n’est plus question de penser aux menaces extérieures, supposées ou réelles. Il n’est plus question de se terrer dans nos peurs ou de sombrer dans la désespérance. La joie que Jésus apporte est d’un autre ordre et supplante tout.