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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

lundi, 15ème semaine du temps ordinaire

« Je ne suis pas venu apporter la paix mais le glaive » : étonnante affirmation de la part de celui qui se présente comme le « Prince de la paix » (Is 9, 5) ! Au moment du grand passage, Jésus ne promet-il pas à ses disciples : « Je vous laisse la paix » ? Il est vrai qu’il ajoute : « Je ne vous la donne pas comme vous la donne le monde » (Jn 14,27). Nous voilà donc avertis : il y a paix et paix. Une paix « naturelle » ou « mondaine », strictement individualiste, qui se réduit à l’absence de guerre extérieure et la sauvegarde d’une certaine sérénité intérieure. Et une paix surnaturelle qui correspond au Règne de la charité, et ne s’obtient qu’au prix d’une lutte opiniâtre contre nos affections désordonnées : « le Royaume souffre violence, et des violents s’en emparent » (Mt 11,12). C’est pour une nouvelle création que le Verbe s’est fait chair ; et celle-ci se réalise, tout comme la première, à travers une série d’actes de séparation. Cependant il ne s’agit plus de séparer les eaux d’en bas et les eaux d’en haut, ni la mer de la terre (Gen 1, 6-10) ; mais « l’homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère ». Le glaive de la Parole vient dénoncer l’ambiguïté de toute affection, aussi légitime soit elle, qui viendrait immobiliser notre progression vers Dieu en nous liant à nos compagnons de route.
Il est clair que Jésus ne dénonce pas nos amours authentiques ; mais qui d’entre nous n’est pas « lié », voire « enchaîné » secrètement à l’un de ses proches par quelque « attachement désordonné » ou par quelque ressentiment ? Ce sont tous ces liens ambigus dont le Seigneur veut nous libérer, pour que nous puissions grandir vers des relations vraies, purifiées des séquelles du péché. Un tel cheminement implique un véritable arrachement au vieil homme et à toutes ses passions, et la mise en route pour une traversée du désert à la suite de Celui qui « en sa personne a tué la haine » (Eph 2,16) en donnant sa vie pour ses ennemis.
Les Paroles de Jésus ne sauraient en aucun cas être interprétées comme le discours chagrin d’un Dieu jaloux de nos affections humaines, qui brandirait la croix menaçante au-dessus de nos joies familiales. Il s’agit plutôt de l’invitation à ne pas nous arrêter en cours de route : les réalités créées ne sont que l’image des dons que Dieu nous réserve. Hélas depuis le péché, cette image est devenue opaque : loin de faire resplendir ce qui s’annonce à travers elle, elle nous en détourne tout au contraire et nous garde prisonnière de son reflet illusoire. Si la paternité et la maternité humaines ne nous conduisent pas à pressentir et à désirer la paternité et la maternité divines d’où elles découlent et qu’elles sont chargées de révéler, mieux vaut laisser le glaive de la Parole couper ces affections dés-ordonnées. A quoi bon être né de la terre, si la paternité terrestre ne nous conduit pas à prier « Notre Père qui est aux cieux » ? C’est en acceptant de perdre notre vie naturelle à cause du Christ, que nous trouverons la vie surnaturelle ; et avec elle nous sera rendu au centuple ce à quoi nous avions renoncé.
Osons nous exposer à la Parole de Vérité qui nous arrache à tout ce qu’il y a d’inauthentique dans nos rapports familiaux, afin de pouvoir nouer des relations humaines non plus sur le sol aride de nos affectivités blessées, mais sur la bonne terre de la charité divine. Alors nous porterons du fruit, « trente, soixante, cent pour un » (Mt 13,23).


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