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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

Saint Bonaventure, évêque et docteur de l’Église

Dans un tressaillement de joie spirituelle, Jésus vient de prier haute voix : « Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents, et de l’avoir révélé aux tout-petits (Mt 11,25) ». Posant alors son regard sur ceux qui l’écoutent – c’est-à-dire sur chacun d’entre nous - Notre-Seigneur leur révèle qu’il est le seul à pouvoir leur faire connaître le Père, car « nul ne connaît le Fils si ce n’est le Père, et nul ne connaît le Père si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut bien le révéler (Mt 11,27) ». Ouvrant ses bras à ces « tout-petits » qui l’entourent, il les invite à « venir à lui », à s’approcher, afin de trouver auprès de lui le « repos » tant désiré. C’est déjà le geste de la Croix qui s’annonce, lorsque Jésus attirera à son Cœur, source de la divine miséricorde tous les enfants de Dieu dispersés, qui « peinent sous le poids du fardeau ».
Quel est donc ce pesant « fardeau » que Jésus propose d’échanger avec son « joug », dont il promet qu’il est « léger » et « facile à porter » ? Le contexte de ce verset permet de comprendre que Jésus veut soulager les hommes du poids d’un salut qu’ils devraient acquérir au prix d’œuvres écrasantes, et leur faire découvrir la gratuité du don de Dieu. Car le Seigneur est venu se charger lui-même du poids de nos fautes, afin de nous soulager de cette dette insolvable qui nous écrase. Ayant accompli pour nous toute justice de manière surabondante, Jésus s’est acquis le droit de nous introduire dans le repos que le Père a préparé pour ceux qui lavent leur robe dans le Sang de l’Agneau vainqueur. En Jésus, c’est Dieu lui-même qui s’est fait proche, qui « est descendu pour nous délivrer de la main des ennemis et nous faire monter de ce pays vers un bon et vaste pays, vers un pays ruisselant de lait et de miel » (Ex 3,8).
Pourtant, pour peu que nous soyons sincères, nous reconnaîtrons sans peine que nous ne sommes pas que victimes de notre malheur : nous en sommes aussi les acteurs par nos complicités multiples avec le mal. Aussi « nous avons été devant toi Seigneur, comme une femme enceinte sur le point d’enfanter, qui se tord et crie dans les douleurs. Nous avons conçu, nous avons été dans les douleurs, mais nous n’avons enfanté que du vent : nous n’apportons pas le salut à la terre, nous ne donnons pas naissance aux habitants du monde » (1ère lect.).
Le joug que Jésus nous propose en échange du fardeau de la justification par les œuvres, c’est celui de la foi, de la confiance aveugle en sa miséricorde, de l’abandon de tout notre être entre ses mains. Tel est le statut du disciple : celui qui ose se présenter devant Dieu pauvre, misérable, nu, mais riche de sa seule foi et couvert de la justice de Celui en qui il a mis toute son espérance.
Paradoxalement, Jésus ne nous propose pas de nous décharger du joug qui nous accable, mais il nous en présente un autre ; non en remplacement, mais en plus de celui que nous avons à porter ! Pourtant en prenant sur nous le joug de la confiance, c’est-à-dire en accueillant au cœur de nos vies sa présence, nous trouverons le repos qu’il promet ; et la charge qui jusque là nous écrasait, nous paraîtra légère, car c’est lui qui la portera pour nous. Alors nos vies trouveront une fécondité inattendue dans les lieux mêmes où nous nous pensions réprouvés ; au cœur même de la mort, ultime conséquence du péché, le Seigneur fera jaillir la vie et la joie : « Tes morts revivront, leurs cadavres ressusciteront. Réveillez-vous, criez de joie, vous qui demeurez dans la poussière, car ta rosée, Seigneur, est une rosée de lumières, et la terre ramènera au jour les trépassés » (1ère lect.).


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