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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

Sainte Claire, vierge

Nous sommes au cœur de l’instruction sur la vie communautaire que Jésus prodigue au groupe de compagnons qu’il a appelés à sa suite. Notre-Seigneur vient de mettre ses disciples longuement et sévèrement en garde contre tout ce qui ferait trébucher un de ceux qui ont mis en lui leur foi. Mais comme il est hélas « fatal que le scandale arrive » (Mt 18,7), le Seigneur poursuit son enseignement en nous invitant à tout mettre en œuvre pour aider le frère malheureux à se relever. La charité consiste non seulement à avertir du danger qui menace ; il faut aussi qu’elle porte le souci de dénoncer le péché, afin que celui qui l’a commis puisse recourir à la miséricorde.
« Votre Père veut qu’aucun de ces petits ne se perde » (Mt 18,14) : ce verset qui précède immédiatement la péricope que nous méditons, nous livre la motivation des démarches que nous sommes invités à entreprendre en vue de la réintégration de l’égaré. Tout comme le Bon Berger se réjouit davantage pour la brebis égarée qu’il a retrouvée, que « pour les quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont pas égarées » (Mt 18,13), le disciple doit porter le souci de tous ses frères, et en priorité de ceux que le péché a rendus particulièrement vulnérables. L’opération « sauvetage » présente trois étapes, que Jésus prend soin de décrire en détail, ce qui souligne bien l’importance qu’elle revêt à ses yeux.
« Si ton frère a commis un péché » : le Seigneur commence par nous rappeler que le pécheur demeure notre frère, car il reste l’enfant de Dieu son Père, malgré qu’il lui ait tourné le dos. Nous sommes invités à lui parler d’abord seul à seul pour ne pas l’humilier en ébruitant l’affaire, et lui montrer sa faute avec délicatesse. « S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère » : le gain sera pour lui d’abord, et pour la famille de Dieu ton Père, qui te le revaudra.
S’il ne t’écoute pas, tu prendras avec toi - conformément au droit juif mentionné au livre du Deutéronome - une ou deux personnes pour éviter l’arbitraire : tout membre de la communauté peut faire appel afin de vérifier le bien-fondé de l’interpellation qui lui est adressée. De son côté le Père s’engage à accorder le discernement à « deux d’entre vous qui se mettent d’accord » pour le demander. Son Fils ne se tient-il pas au milieu de ceux qui se réunissent en son nom ? Voilà pourquoi « tout ce que nous aurons délié sur la terre sera délié dans le ciel » : non parce que le ciel se plierait à nos décisions, mais parce que le Père veille personnellement à la rectitude de nos jugements lorsqu’ils s’exercent sous son regard.
Si ce frère refuse encore d’écouter ceux qui sont venus jusqu’à lui avec bienveillance, la communauté sera mise au courant, et à son tour elle essayera de lui faire entendre raison. Et si là encore il résiste, elle devra signifier à ce frère que par son obstination, il s’est mis lui-même en dehors de la communion ecclésiale. Ce qui ne signifie pas pour autant qu’il soit rejeté, bien au contraire : il fera l’objet d’une attention et d’un amour de prédilection, comme les païens et les publicains envers qui le Seigneur a toujours témoigné une sollicitude particulière.
Devant une telle exigence, nous murmurons peut-être comme Caïn : « Suis-je le gardien de mon frère ? » (Gn 4, 9) Sachons aussi discerner la voix du Seigneur qui nous répond : « Ne te l’ai-je confié ? Comment pourrais-tu prétendre m’aimer, sans porter le souci de ceux que j’aime ? Ne vois-tu pas que je fais lever le soleil sur les méchants comme sur les bons, et tomber la pluie sur les injustes comme sur les justes ? » (cf. Mt 5,45).

« Ta Parole est claire, Seigneur : par nos silences complices, nous partageons la responsabilité des égarés. Mais à l’heure où le relativisme moral et le syncrétisme doctrinal se sont infiltrés jusqu’au cœur de nos communautés chrétiennes, comment veux-tu que nous pratiquions la correction fraternelle ? Pour sûr : nous allons nous faire accuser de moralisme, de fanatisme, d’intolérance et que sais-je encore ! Envoie sur nous ton Esprit, Seigneur, que nous puissions nous acquitter de “la dette de la charité fraternelle” avec douceur et compassion, afin que nos paroles n’humilient pas nos frères, mais les édifient ; qu’elles contribuent à construire ton Corps et non à le diviser davantage. »


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