Catholic.net International English Espanol Deutsh Italiano Slovensko
 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
Navigation: Homélie

 

Homélie

vendredi, 19ème semaine du temps ordinaire

Les pharisiens « s’approchent de Jésus » - ce qui correspond à la démarche du disciple - mais leur intention n’est pas bienveillante : ils interpellent le Seigneur « pour le mettre à l’épreuve ». Ils se posent en quelque sorte comme des examinateurs qui font passer un examen à ce fils de charpentier qui prétend jouer au Rabbi, et qui par le fait même, usurpe leur droit à instruire les foules.
La question posée est piégée : elle faisait l’objet d’un débat d’école qui demeurait irrésolu. Les pharisiens veulent contraindre Jésus à se situer soit dans le camp des rigoristes, soit dans celui des libéraux, afin de lui faire perdre audience auprès de ceux qu’il aura désavoués en se prononçant pour l’opinion du camp adverse.
Mais Notre-Seigneur ne se laisse pas enfermer dans le contexte étroit des discussions humaines et des interprétations d’écoles : il remonte à la source et renvoie ses interlocuteurs vers la Parole de Dieu ; plus précisément : vers le projet initial de Dieu sur l’homme et la femme, tel que le décrit le livre de la Genèse.
Ce faisant, Jésus remonte en amont de la rupture instaurée par le péché des origines : rupture de la relation de l’homme avec Dieu, rupture de la relation de l’homme avec la femme. Le serpent n’a pas seulement trompé l’homme sur les intentions de Dieu à son égard ; il l’a aussi induit en erreur en ce qui concerne la finalité des relations humaines, en particulier avec l’autre sexe. Notre-Seigneur s’insurge contre le mensonge qui consiste à objectiver l’autre et à le réduire à un moyen dans une quête insatiable de jouissance. La finalité de la différence sexuelle est d’offrir aux époux un chemin vers la communion dans l’amour par le don mutuel : « L’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un ». Comme le don est par nature irrévocable, « ils ne sont plus deux, mais un seul », à l’image du Père et du Fils qui ne sont qu’Un dans l’Esprit Saint. Tel est dès l’origine, le dessein de Dieu sur l’homme et la femme ; or « les dons de Dieu et son appel sont sans repentance » (Rm 11,29) ; donc : « ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! »
Les contradicteurs de Jésus ne s’avouent pas pour autant vaincus. Ils suivent Notre-Seigneur sur le terrain des Ecritures et opposent la législation de Moïse au récit fondateur de la Genèse. Ce qui donne à Jésus l’occasion de leur expliquer l’articulation des différentes étapes de la Révélation : la Loi est « comme un surveillant qui nous mène jusqu’au Christ » (Ga 3,24). Avant d’être justifiés par la foi, « nous étions en effet des prisonniers, enfermés sous la domination du péché et de la Loi de Moïse, en attendant l’heure où la foi serait révélée » (Ga 3,23).
La « sklerokardia » dont parle Jésus - la sclérose du cœur - est une image particulièrement parlante du péché : si le « cœur de chair » est le cœur vivant de la vie de Dieu lui-même, le « cœur de pierre », lui, représente le cœur fermé à la grâce, enténébré par le péché, spirituellement mort. Cette déchéance n’est cependant pas définitive ; par son prophète, le Seigneur avait promis qu’il nous donnerait un « cœur nouveau, et mettrait en nous un « esprit nouveau » : « J’enlèverai votre cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai en vous mon Esprit : alors vous suivrez mes lois, vous observerez mes commandements et vous y serez fidèles » (Ez 36, 27).
Lorsque Jésus revient aux exigences du récit de la Genèse, il signifie à ses interlocuteurs que le temps de la grâce est advenu. Car si « d’après les Ecritures, tout a été enfermé sous la domination du péché, c’est afin que la promesse de Dieu se réalise pour les croyants par la foi en Jésus-Christ » (Ga 3,22). Cette promesse s’est accomplie pour nous lorsque nous avons reçu « grâce à la foi, l’Esprit promis par Dieu » (Ga 3,14), « l’Esprit de son Fils qui est dans nos cœurs, et qui crie vers le Père en l’appelant "Abba" » (Ga 4,6), attestant ainsi que nous sommes des fils. « Ainsi nous ne sommes plus esclaves du péché, mais fils, et comme fils, nous sommes héritiers par la grâce de Dieu » (Ga 4,7).

« Père très saint, donne-nous de nous souvenir que "le baptême nous a unis au Christ » ; bien plus : « nous avons revêtu le Christ" (Ga 3,27). Ne permets pas que nous oubliions qu’ "en Jésus-Christ, nous sommes tous tes fils par la foi". Nous ne vivons plus sous le joug d’une Loi qui nous accuse ; nous n’avons plus à chercher des compromissions en raison de la dureté de nos cœurs de pierre : nous avons été purifiés par l’eau jaillie du côté du Christ, et vivifiés par son Sang précieux ; l’Esprit de sainteté repose sur nous, nous donnant la force de vivre à nouveau dans l’amour, comme tu nous le commandes depuis les origines. Oui, tu nous as "pardonné tout ce que nous avons fait", et rétablis dans "ton Alliance éternelle" (1ère lect.). Aussi nous voulons te rendre grâce et avec le prophète Isaïe, nous te chantons : "Voici le Dieu qui nous sauve : j’ai confiance, je n’ai plus de crainte. Ma force et mon chant, c’est le Seigneur ; il est pour moi le salut" (Ct) ».


Accueil | Version Mobile | Faire un don | Contact | Qui sommes nous ? | Plan du site | Information légales