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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

mardi, 20ème semaine du temps ordinaire

A l’invitation de Jésus à le suivre, un jeune homme vient de s’en aller tout triste. Comment interpréter cette tristesse ? Ne témoignerait-elle pas de la prise de conscience par cet homme de son impuissance, non seulement à se sauver par lui-même, mais aussi à se laisser sauver ?

La comparaison utilisée par Jésus lorsqu’il s’adresse à ses disciples juste après cet épisode met en évidence l’absolue gratuité du salut : « il est plus facile à un chameau de traverser le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume des cieux ». Le chameau est le plus gros animal de Palestine et le chat d’une aiguille, le plus petit passage que l’on puisse imaginer ! Avouons qu’il y a de quoi être déconcerté.

Un nouveau regard de Jésus posé sur ses disciples laisse alors apparaître la toute-puissance divine seule capable de sauver l’homme. Car ce regard, au moment où l’exigence de l’amour de Dieu renvoie l’homme à la tristesse de ne pouvoir y répondre par ses propres forces, fait surgir l’espérance : « ‘Qui donc peut être sauvé ?’ Jésus les regarda et dit : ‘Pour les hommes, c’est impossible, mais pour Dieu tout est possible.’ » Paroles d’espérance qui ouvrent une brèche au cœur de ce qui, à vue humaine, paraît insurmontable ou sans issue.

Du coup, Pierre reprend courage et interroge le Maître sur la récompense qui attend « ceux qui ont tout quitté pour le suivre : “Qu’y aura-t-il pour nous ? ” » La demande ne manque pas d’ambiguïté. On a l’impression que Pierre attend une compensation matérielle pour le détachement qu’il a consenti afin de mettre ses pas dans ceux de Jésus. Délicatement, notre Seigneur va corriger cette attente en l’orientant vers la nouveauté du Royaume. Le « beaucoup plus » promis par Jésus à ceux qui ont tout quitté pour le suivre, n’est pas de l’ordre de l’avoir - maisons, terre, sécurité d’un vaste tissu relationnel familial. Jésus nous dit seulement que cet héritage, sans commune mesure avec les biens de ce monde, est « vie », et même « vie éternelle », c’est-à-dire divine.

Ce que Jésus nous promet n’est donc pas de l’ordre d’un avoir supplémentaire mais d’une qualité d’être. Il nous donne comme perspective de partager sa propre vie. Le trône de gloire sur lequel il nous appelle à siéger représente sa condition divine à laquelle il veut nous rendre participants.
Mais la vie divine a cela en propre qu’elle est plénitude et donc qu’elle ne peut se rependre que dans un être disposé à l’accueillir, c’est-à-dire dans un cœur conscient qu’à chaque instant il est appelé à tout recevoir de son Dieu. Voilà pourquoi Jésus parle de renoncer en son nom à « des maisons, des frères, des sœurs, un père, une mère, des enfants, ou une terre ». Notre Seigneur ne veut pas dire qu’il faille s’en défaire, les abandonner ; mais s’en délier en temps que terre d’aliénation dans la mesure où nous ne les percevrions plus comme des dons de Dieu, où ils limiteraient notre horizon à ce monde qui passe nous faisant oublier celui qui en est le Créateur, origine et terme de notre vie.

« Seigneur, tu poses sur chacun de nous un regard d’Amour qui nous appelle à nous attacher à toi et à mettre nos pas dans tes pas. Nous en percevons toute l’exigence et notre impuissance à marcher à ta suite nous saute aux yeux. Que la tristesse qui découle de ce constat ne nous accable pas. Au contraire, que nous sachions rebondir pour élever notre regard vers toi afin d’implorer le secours de ta grâce qui seule peut nous sauver. »


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