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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

Sainte Monique

La seconde parabole illustrant l’attitude de vigilance qui devrait caractériser le disciple dans l’attente du retour de son maître, met en scène un groupe de jeunes filles invitées à des noces. Toutes répondent à l’appel et viennent à la rencontre de l’époux. Comme « le soir approche et que déjà le jour baisse » (Lc 24,29), elles se munissent d’une lampe pour éclairer la nuit tombante. Apparemment le groupe est bien uni et homogène ; pourtant Jésus nous avertit qu’une différence s’est déjà glissée entre les jeunes filles : cinq d’entre elles sont qualifiées d’« insensées », tandis que les cinq autres sont décrites comme « prévoyantes ». Nous apprenons également que l’évaluation se fait sur base de la réserve d’huile emportée par les unes, oubliée par les autres. L’assoupissement, et finalement le sommeil, les saisit toutes sans exception : la séparation finale et l’exclusion de la moitié des jeunes filles ne se fait donc pas sur base de la plus grande vigilance des élues.
Les événements se précipitent avec l’annonce de l’arrivée de l’époux. Sa venue est annoncée par un « cri » qui déchire le silence nocturne et arrache les dix jeunes filles à leur sommeil. Comme la nuit en est déjà au milieu de son cours, l’huile des lampes est pratiquement épuisée ; ce qui ne pose pas de problème pour les jeunes filles prévoyantes qui se sont munies d’une réserve, mais plonge dans l’embarras les cinq autres, qui se voient obligées de quitter leur poste de guet pour aller s’approvisionner en ville, « chez les marchands ». Or c’est précisément durant leur absence que l’époux surgit. Entraînant à sa suite les jeunes filles demeurées sur place, il entre dans la salle de noces dont on ferme les portes, délimitant ainsi deux espaces : l’intérieur où se déroule la fête en présence de l’époux ; et l’extérieur où les lampes devenues inutiles n’éclairent plus que la solitude et la tristesse de celles qui se trouvent rejetées dans la nuit.
Reprenons les moments charnières du récit.
Apparemment le groupe des jeunes filles se divise au moment de la découverte de la pénurie d’huile qui menace d’éteindre les lampes des « insensées ». Mais cette évaluation négative a déjà été notée bien plus tôt par le narrateur, qui nous signifie ainsi que l’instant décisif dont va dépendre l’appartenance finale, se situe au moment où les jeunes filles répondent à l’invitation et se lèvent pour aller à la rencontre de l’époux. Une réponse superficielle et une mise en route désinvolte n’augurent rien de bon ; seules les jeunes filles qui ont approfondi l’appel initial, qui gardent « en réserve » la mémoire de ce temps fondateur pour en nourrir ultérieurement leur désir, pourront garder allumée la flamme de leur amour et de leur reconnaissance pour l’époux. Pourtant elles aussi vont s’assoupir et même s’endormir. Mais ce relâchement passager ne refroidit pas leur attente ; le cri qui déchire la nuit les arrache à leur somnolence et les relance « à la rencontre de l’époux », qui les fait entrer avec lui dans la salle du banquet nuptial. (Etranges noces à vrai dire : il y est question d’un époux et de jeunes filles, mais où donc est l’épouse ? A moins qu’il ne faille la reconnaître sous le visage collectif des dix jeunes filles, image de l’Eglise, c’est-à-dire de chacun d’entre nous ?)
La situation est tout autre pour les « insensées » : l’attente prolongée a épuisé leur désir, qui faute de pouvoir se renouveler aux sources vives d’un amour durable, se flétrit et finit par se dessécher. Inutile de chercher à raviver ce désir en puisant à d’autres sources : ce ne sont pas les marchands de spiritualité et de « techniques » en tout genre qui ranimeront la flamme de notre amour pour le Christ. Seuls ceux qui sont marqués du sceau de l’Esprit peuvent le connaître et sont connus de lui.
« Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure » : la vigilance à laquelle Jésus nous invite dans cette seconde parabole consiste à garder éveillée la mémoire du cœur ; à ne pas laisser s’éteindre la flamme de notre désir, en l’alimentant au souvenir de la folie de la Croix (cf. 1ère lect.), où le Seigneur nous révèle l’infini de son amour.

« Père Saint, nous reconnaissons combien "notre cœur est lent à croire" (Lc 24,25). La flamme de notre pauvre amour vacille au souffle impétueux de l’esprit du monde. Réveille notre désir de sainteté ; accorde-nous de reconnaître dans la folie de la Croix, la révélation de ta Sagesse, et donne-nous la force d’aller à la rencontre de l’Epoux par ce même chemin, éclairé au Feu de ton Esprit ».


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