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 - 7 mai 2024 - Sainte Gisèle
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Homélie

24e dimanche du Temps Ordinaire

Les publicains et les pécheurs – ceux qui prennent des libertés par rapport aux exigences de la Loi – sont attirés par Jésus : « ils venaient tous à lui pour l’écouter ».
Par contre Notre-Seigneur déconcerte les juifs bien pensants de son époque - scribes et pharisiens, qualifiés respectivement pour leur observance de la Loi et par leur enseignement des Ecritures.
Certes, ces hommes religieux attendaient un « réveil » et étaient même prêts à s’investir dans une démarche de conversion. Mais celle-ci n’implique-t-elle pas une plus grande ascèse et surtout une séparation plus radicale de tout ce qui est impur, en particulier de tous ceux dont le style de vie ne correspond pas aux exigences de la Loi ?
Or voilà que ce rabbi qui fait courir les foules « fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux ! » Les pharisiens et les scribes sont franchement déboussolés, et devant le comportement scandaleux de Jésus ils se mettent à « récriminer contre lui ».
Loin de les prendre à partie et d’engager avec eux un débat théologique qui serait d’autant plus stérile qu’il tournerait certainement à un dialogue de sourds, Notre-Seigneur propose à ses interlocuteurs trois paraboles, qui ont en commun que toutes trois font état d’un objet d’abord perdu – la brebis, la drachme, le fils – puis trouvé, et dont les retrouvailles provoquent une fête.
Mieux que tous les discours, ces brefs récits dévoilent le cœur du « Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de fidélité, qui garde sa fidélité jusqu’à la millième génération, supporte faute, transgression et péché » (Ex 34, 6-7) – nous venons de citer la « carte d’identité » du Dieu de l’Alliance, tel que Moïse le découvrira - ou plutôt dont il recevra la révélation prophétique - après avoir traversé victorieusement l’épreuve à laquelle il est soumis (1ère lect.). Le Seigneur feint de menacer de destruction « ce peuple à la tête dure » : ne vient-il pas de se tailler un veau d’or et de se prosterner devant cette idole ?
Mais Moïse ne se laisse pas ébranler dans sa foi : tout au long de son cheminement avec le Dieu qui « a fait sortir Israël d’Égypte par la vigueur de son bras », il a pu vérifier que le Seigneur est miséricordieux et couvre la faute de son peuple afin de pouvoir lui faire grâce. Son intercession est une confession de foi en la bienveillance divine et un rappel de sa promesse que rien ne pourra ébranler.
Tel est bien le message que Jésus voudrait rappeler « aux pharisiens et aux scribes » auxquels il adresse ces trois paraboles. Les fils aînés ne devaient-ils pas comme Moïse se tenir sur la brèche en prière et intercéder pour leurs frères tombés dans le péché plutôt que de les condamner et de les exclure de la communauté du salut ?
Au lieu de « récriminer » contre celui qui incarne la volonté du Père en « faisant bon accueil aux pécheurs », c’est-à-dire aux fils prodigues, ne devaient-ils pas tout au contraire « se réjouir car leurs frères que voilà étaient morts et ils sont revenus à la vie ; ils étaient perdus et ils sont retrouvés ! »
Si nous voulons être « la joie de Dieu et de ses anges », ce n’est pas en invoquant une soi-disant justice que la miséricorde aurait bafouée, mais en nous émerveillant de la gratuité de l’amour de Dieu qui n’a pas envoyé son Fils pour « appeler les justes mais les pécheurs pour qu’ils se convertissent » (Lc 5,32).

La seconde lecture et le psaume nous aident à parcourir ce chemin de conversion à la lumière précisément de la miséricorde prévenante de Dieu.
Dans chacune de ses lettres saint Paul ne peut s’empêcher de dire son émerveillement devant le pardon que le Seigneur lui a accordé alors que dans son ignorance, il persécutait les croyants, pensant ainsi servir Dieu.
Cependant, « la grâce du Seigneur fut plus forte » que son aveuglement ; non seulement le Seigneur « lui a pardonné » ; mais il « lui a fait confiance en le chargeant du ministère, lui qui autrefois ne savait que blasphémer, persécuter, insulter ».
Le don de la confiance n’est-il pas le signe le plus sûr de la relation restaurée, qui s’épanouit dans l’amour - cet amour qui « prend patience, ne s’emporte pas, n’entretient pas de rancune, supporte tout, endure tout, fait confiance en tout, espère tout » (1 Co 4, 7) ? C’est pourquoi Saint Paul peut affirmer : « voici une parole sûre, qui mérite d’être accueillie sans réserve : le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs » (2nd lect.).
C’est en chacun de nous qu’il veut « manifester toute sa générosité » afin que libérés de nos fautes nous puissions nous approcher « pleins de reconnaissance » du Dieu qui fait grâce.

C’est donc « avec la foi et l’amour dans le Christ Jésus » (2nd lect.) que nous pouvons reprendre le psaume 50, ce merveilleux hymne de confiance et d’abandon au Dieu des miséricordes, qui nous est proposé dans cette liturgie dominicale.
Le psalmiste nous apprend à faire la vérité devant le Seigneur en avouant sans complaisance notre péché, mais en confessant avec une foi inébranlable sa miséricorde, source de paix et de joie par le don gratuit de la réconciliation.
De nos cœurs purifiés pourra monter alors le chant d’action de grâce des rachetés, qui s’unira à celui de la multitude des justes dans les cieux :

« Honneur et gloire au roi des siècles,
au Dieu unique, invincible et immortel,
pour les siècles des siècles, amen (2nd lect.) ».


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