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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

mardi, 28ème semaine du temps ordinaire

« Comme Jésus parlait » : c’est au cœur de son ministère que le Seigneur est interrompu abruptement par « un pharisien qui l’invite pour le repas de midi ». Signe de bienveillance, ou façon détournée de faire taire le Maître ? Le caractère inopiné de la proposition du pharisien, fait plutôt pencher pour la seconde solution ; l’atmosphère de la suite de l’entrevue confirmera cette interprétation. Si Jésus qui connaît le fond des cœurs, utilise des mots aussi durs que « cupidité » et « méchanceté » pour décrire l’attitude de son interlocuteur, c’est bien qu’il a perçu l’ambiguïté de l’invitation. Cette commensalité improvisée ne vise pas à instaurer une communion, mais à rompre celle que Notre-Seigneur avait établie avec la foule.
Le débat tourne autour des rituels de purification. Le pharisien feint de s’étonner du comportement de Jésus, alors que la liberté que prend Jésus par rapport à ce genre de prescription est notoire, puisqu’il ne se gêne pas de manger avec les publicains et les pécheurs. En réalité, le cœur du pharisien n’est pas dans la lumière : il n’accueille Jésus que pour lui tendre un piège, pour surprendre dans son comportement ce qui permettrait de l’accuser comme transgresseur de la Loi et de la tradition des Pères.
Pourtant, Jésus n’a jamais prétendu abolir la Loi, mais il est venu tout au contraire pour l’accomplir (cf. Mt 5,17). Dès lors, la seule interprétation cohérente de son comportement est de le recevoir comme un geste prophétique : s’il ne « fait pas son ablution avant le repas », c’est parce qu’il n’a pas besoin de se purifier. Il est le Saint, venu pour mener à leur accomplissement tous les rites préfiguratifs de purification. Si son hôte l’avait accueilli d’un cœur ouvert et disponible, il aurait pu lui-même faire ce raisonnement, au moins à titre d’hypothèse, et en demander la confirmation au Seigneur. Mais notre pharisien est trop avide du pouvoir spirituel qu’il exerce au sein de la communauté (cupidité) pour chercher à discerner le sens profond des attitudes de Jésus, qu’il interprète comme des transgressions (méchanceté, malveillance) au lieu d’y reconnaître les signes de la venue de l’Envoyé de Dieu. D’où l’interpellation vigoureuse de Notre-Seigneur : « Insensé ! » Ce chef religieux a effectivement perdu le sens de son ministère : il est supposé guider les croyants vers le Messie, alors que ses a priori l’empêchent de le reconnaître.
« Donnez plutôt en aumônes ce que vous avez, et alors tout sera pur pour vous » : Jésus conclut par la dénonciation de ce qui nous rend « impurs », c’est-à-dire incapables de reconnaître le Saint, et indigne de nous tenir en sa présence. Il s’agit précisément de la « cupidité », qui fausse notre regard et nous fait voir en tout homme un rival potentiel que nous traitons dès lors avec « méchanceté ». Tout ce que nous gardons égoïstement pour nous-mêmes - biens matériels, mais aussi dons naturels et grâces spirituelles - tout ce que nous soustrayons à la loi du partage dans l’amour : voilà ce qui nous rend impur, nous aveugle, et nous accuse devant Dieu. Car ce qui nous sauve, c’est la foi, certes, mais « une foi agissant par la charité » (1ère lect.).


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