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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

mardi, 30ème semaine du temps ordinaire

On imagine sans peine les questions qui suscitèrent la réponse de Jésus que nous venons d’entendre : « Rabbi, le Règne dont tu nous parles, quand viendra-t-il ? Comment se manifestera-t-il ? » En fin pédagogue, Jésus ne donne pas une réponse théorique, mais plutôt une comparaison parlante qui permette aux gens simples qui l’écoutent, de saisir les conditions de l’avènement du Royaume qu’il est venu instaurer.
« Il en est du Royaume de Dieu » comme d’une graine à peine plus grande que la tête d’une aiguille ; mais lorsqu’elle tombe en terre, elle germe, pousse, et devient un arbre qui, sur les bords du lac de Génésareth, s’élève à deux mètres cinquante voire trois mètres ! Jésus ne dit pas que l’homme « sème » la graine, mais plutôt qu’il la « jette » avec désinvolture, voire mépris. Autrement dit : c’est à partir de ce qui est rejeté par les hommes, que Dieu fera germer son Royaume, traditionnellement symbolisé par l’arbre.
Si on ajoute que les seuls « jardins » dont il est question dans les Evangiles sont ceux de Gethsémani et du tombeau, l’allusion à la Passion est à nouveau évidente : « En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit (Jn 12,24) ».
« Il en est du Royaume de Dieu » comme du levain qui tient dans le creux de la main et que la femme mélange le soir à trois mesures (36,44 litres) de farine, dont elle fera le pain pour sa famille à l’aube du jour suivant. Toute la nuit, la pâte aura levé sous l’effet de cette infime quantité de levain sans que personne n’y prête attention.
On se souvient que le levain est impur en Israël : il faut l’éliminer des maisons pour la semaine des Azymes ; la femme « l’enfouit – littéralement "le cache" - dans trois grandes mesures de farine ». C’est donc celui dont Israël a honte, qu’il enfouit dans les entrailles de la terre pour l’empêcher de répandre sa doctrine hérétique, qui fera lever son peuple dans la force de son Esprit immortel.
Les deux paraboles soulignent non seulement les modestes commencements - une toute petite semence et un rien de levain - mais aussi le peu de cas qui en est fait dans les milieux bien-pensants. Et pourtant, la minuscule graine pousse dans le secret de la terre, comme le levain lève dans le silence de la nuit, sans que personne ne s’en préoccupe. C’est en vertu de ce qu’ils sont – entendons : en vertu de la divinité du Verbe qui s’est enfoui dans notre humanité en Jésus de Nazareth – et sans intervention extérieure, que la semence comme le levain, accomplissent leur mission.
Nous sommes dans ce temps de croissance ; l’arbre du Royaume doit encore étendre ses branches pour rassembler tous les oiseaux du ciel, c’est-à-dire tous « les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11,52) qui trouveront dans ses ramures l’abri tant désiré.
Le levain de la Parole doit encore travailler le cœur des hommes dans le secret, pour que leurs ossements desséchés « reprennent vie, qu’ils se lèvent, comme une grande, immense armée » (Ez 36, 10) : le nouveau peuple consacré, que Dieu rassemble pour sa louange.
Non ce n’est pas une idéologie que nous annonçons, mais un germe de Vie nouvelle, une Force divine capable de soulever le vieux monde endormi dans la mort, et de l’élever jusqu’au ciel. C’est en manifestant les prémisses de cette transformation dans nos vies plus que par des discours, que nous collaborons à la croissance du Royaume inauguré par la Résurrection de Notre-Seigneur.


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