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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

vendredi, 30ème semaine du temps ordinaire

Probablement Jésus est-il invité par le chef de la synagogue après l’office synagogal du sabbat. Au cours de ce repas plutôt festif, on commémore les bienfaits dont Dieu a comblé son peuple ; mais les pharisiens n’ont probablement pas beaucoup mangé ce jour-là : ils étaient trop occupés à « observer » le Maître pour pouvoir le prendre en flagrant délit de non-respect des lois et coutumes des Anciens.
Profitant du joyeux désordre qui règne dans la maison, un malade atteint d’hydropisie réussit à s’introduire jusqu’à la salle à manger, et cherche à s’approcher de Jésus, sans doute dans l’espoir d’une guérison. On s’attend à une intervention du maître de maison, mais celui-ci ne bronche pas : il épie sournoisement la réaction de Jésus, qui a flairé le piège. La question qu’il pose avait été résolue depuis longtemps par les interprètes de la Loi : il est permis de guérir un jour de sabbat si et seulement si la vie de la personne est en danger. De toute évidence, ces conditions ne sont pas remplies : l’hydropisie n’est pas une maladie mortelle. Si Jésus formule cette demande, c’est donc qu’il entend apporter une autre réponse que celle de la tradition ; ses interlocuteurs l’ont compris, c’est pourquoi ils gardent le silence et attendent la suite.
« Jésus saisit le malade » ; Notre-Seigneur commence par franchir la distance qui le sépare de cet homme. Il le prend à bras le corps, et dans un geste de rapprochement, il attire à lui ce pauvre exclu, l’arrachant à son isolement. « Il le guérit » : la guérison est comme le fruit de cette proximité et de cette manifestation de tendresse ; « et le renvoya » : Jésus rend cet homme à sa vie, à sa liberté, à son avenir.
Le silence réprobateur qui accueille cette séquence d’actions ne laisse pas de doute sur ce que pensent les pharisiens. Navré de l’endurcissement de leur cœur, Jésus les ramène au bon sens par une comparaison - qui constituait d’ailleurs un autre sujet de casuistique traditionnelle. Si les courants interprétatifs les plus « durs » prescrivaient de laisser à son triste sort le bœuf tombé dans un puits un jour de sabbat, d’autres, plus modérés, considéraient qu’on avait le droit, non pas de l’en retirer, mais de lui offrir de l’aide afin qu’il puisse en sortir par lui-même ! A fortiori, qui hésiterait à tendre la main à son fils à qui arriverait cette mésaventure ? Or guérir un malade, n’est-ce pas le sortir du puits où il est tombé et dont il cherche en vain à se dégager par ses propres forces ?
Par cet exemple simple, Jésus retrouve, au-delà des interprétations sophistiquées, le sens profond du sabbat : un temps privilégié de relations vraies avec Dieu et le prochain, un temps où l’homme renonce volontairement à toute activité productrice, pour n’entretenir que des relations gratuites, désintéressées. Un temps qui nous est donné pour retrouver le primat de la fécondité sur l’efficacité ; pour discerner à nouveau l’image de Dieu sur le visage de ces hommes et de ces femmes que nous objectivons tout au long de la semaine, dans des rapports de travail ne visant qu’au rendement.
Ce qui était vrai en milieu juif du temps de Jésus, l’est a fortiori pour nous : le dimanche devrait être pour tous chrétiens un temps privilégié où nous nous redécouvrons frères et sœurs rassemblés en une seule famille autour de la Table eucharistique, confiés les uns aux autres dans la tendresse et la compassion d’une charité active.


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