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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

samedi, 30ème semaine du temps ordinaire

« Un jour de sabbat, Jésus était entré chez un des chefs des pharisiens pour y prendre son repas, et on l’observait ». On jette sur Jésus un regard inquisiteur, épiant le moindre faux pas qui permettrait de dénoncer la vanité des prétentions de cet encombrant Rabbi de Nazareth.
Pourtant Jésus ne se laisse pas impressionner. Lui-aussi observe le comportement des convives et cela va le conduire à proposer une parabole : « Quand tu es invité à des noces, ne va pas te mettre à la première place car on peut avoir invité quelqu’un de plus important que toi. Alors, celui qui vous a invités, toi et lui, viendrait te dire : ’Cède-lui ta place’, et tu irais, plein de honte, prendre la dernière place… »
Règle de prudence pour éviter de se voir désagréablement rétrogradé devant tout le monde à une place moins en vue ? Règle de politesse par rapport à d’autres convives qui effectivement pourraient être plus dignes que nous de cette première place ? Ou bien calcul subtil de prendre la dernière place avec le secret espoir de se voir invité à passer devant tout le monde pour siéger dans les premiers rangs ?

En réalité, pour découvrir l’intention du Seigneur, il nous faut revenir au passage suivant du livre des Proverbes : « En face du roi, ne prends pas de grands airs, ne te mets pas à la place des grands ; car mieux vaut qu’on te dise : ‘Monte ici !’, que d’être abaissé en présence du prince (Pr 25, 6-7) ». Le problème soulevé par Jésus était donc déjà abordé dans les Ecritures et nous voyons même que la solution qu’il apporte y figurait aussi. Par conséquent, on peut se demander où réside la nouveauté du propos de Jésus ?
Elle réside en ce que Jésus situe sa réflexion dans le contexte d’un repas de Noces. En d’autres termes, Jésus rapporte à l’eschatologie cette règle de convenance exprimée dans le livre des Proverbes. Au moment où nous nous présenterons devant le Seigneur, le Roi des rois, il sera pour nous vain de prétendre nous revêtir d’un quelconque mérite pour prétendre à une place dans le Royaume. Car l’Amour de Dieu est gratuit. Participer au festin des Noces du Seigneur, entendons participer à la vie de Dieu, est un don gratuit de sa part. Tout savant calcul pour prendre la dernière place en vue d’être admis à s’avancer se révèlerait tout aussi vain ce jour-là car il reposerait sur la conviction dissimulée d’une quelconque dignité de notre part qui nous donnerait un « droit » d’entrée. « Prendre la dernière place » comme nous y invite Jésus raconte signifie être en vérité devant le Seigneur. Cette vérité, c’est que par nous-mêmes nous ne sommes pas, et nous ne serons jamais dignes, d’entrer dans le Royaume, de prendre place au festin des Noces de l’Agneau. Dieu seul, en nous faisant miséricorde, nous permettra de nous y avancer.

Cette vérité sur nous-mêmes va de pair avec une attitude d’humilité. « L’humilité c’est la vérité » disait Thérèse d’Avila. L’humilité naît, en effet, du regard que je porte sur moi-même et qui me fait connaître ce que je suis dans ma condition de pécheur et de créature par rapport à Dieu mon Créateur et par rapport à mes frères en humanité. Je suis homme et non pas Dieu, je suis à l’image de Dieu parmi d’autres créatures, qui elles-mêmes sont à son image, je suis pécheur et j’ai besoin d’être sauvé par celui-là seul qui le peut : Dieu mon Sauveur. Une telle vérité, loin de nous écraser, nous libère pour mieux aimer et nous élève jusqu’à la charité qui est la vie même de Dieu.
« Où est l’humilité, là est la charité » disait saint Augustin. Ceux qui « se revêtent d’humilité dans leurs rapports mutuels » (cf. 1 P 5,5) cherchent le bien de leurs frères et prennent la dernière place. A la suite du Christ ils entrent dans la dynamique du don qui est le moteur même de la vie divine intra-trinitaire : « Quand tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles ; et tu seras heureux, parce qu’ils n’ont rien à te rendre : cela te sera rendu à la résurrection des justes. »

« Seigneur ouvre nos yeux sur nos suffisances, particulièrement celles que nous cachons sous le voile d’une pseudo-humilité. Donne-nous de considérer les autres supérieurs à nous-mêmes, et de prendre la place qui nous revient : celle de serviteurs de nos frères en humanité. Nous pourrons alors goûter la liberté des fils de Dieu qui nous conduit à à la joie et à la paix véritable. »


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