lundi, 33ème semaine du temps ordinaire

Au centre de cet évangile, l’aveugle de Jéricho, celui qui voit plus clair que tout le monde et qui demande à voir la gloire de Dieu. Regardons en marge de cet événement exceptionnel, dernier miracle de Jésus avant la Passion : la foule. La foule accompagne Jésus qui marche vers Jérusalem. Elle lui ouvre le chemin, elle le presse de toute part. Elle rêve de lendemains heureux : Jésus incarne les espoirs de ceux qui attendent le départ de l’envahisseur romain, de ceux qui voudraient voir restaurée la royauté, de ceux enfin qui veulent que ça change. Elle s’avance, elle s’agite autour de Jésus, le changement est en marche.

Survient le trouble-fête, cet aveugle. Ses cris réveillent la foule de ses rêves de pouvoir et de grandeur. Au départ, elle réagit bien, elle le renseigne. Mais il n’est pas question de laisser du terrain, elle marque prestement sa possession, elle fait barrage : personne ne peut approcher Jésus.

Mais Jésus ordonne. La foule s’écarte. Jésus guérit. Cette guérison a ceci de singulier qu’elle ne se limite pas à une rencontre, à un miracle favorisant l’aveugle qui se soumet à l’audace de la foi. Car lorsque l’homme se met à rendre gloire à Dieu, « tout le peuple, voyant cela, adressa ses louanges à Dieu ». La foule aussi a vu. Elle aussi a cru. À présent, elle ne gère plus son parcours en compagnie de Jésus, elle glorifie le Seigneur. Saint Luc ne l’appelle d’ailleurs plus la foule, mais « le peuple », le peuple de Dieu. Cette transformation n’est peut-être pas le moindre effet du miracle.

« Jésus ordonna qu’on le lui amène ». Jésus veut que nous l’annoncions, Jésus ordonne que nous lui amenions tous nos frères humains, en commençant par les plus pauvres. C’est par cette mission d’évangélisation au quotidien qu’il nous rend à tous notre dignité, qu’il nous constitue en peuple de Dieu, qu’il fait de nous les membres de son Corps, participants de sa gloire.