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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

mardi, 33ème semaine du temps ordinaire

Jésus vient de guérir l’aveugle Bar Timée, qui se met à sa suite « en rendant gloire à Dieu ». C’est donc ensemble qu’ils traversent les orangeraies et les palmeraies qui entourent Jéricho. Malgré son aspect paradisiaque, cette oasis enfouie à plusieurs centaines de mètres sous le niveau de la mer symbolise la cité de l’homme, où celui-ci s’est « enterré » dans l’oubli de l’appel adressé par le Seigneur à Abraham. On comprend que Jésus ne fait que la traverser pour inviter ses habitants à se réveiller de leur torpeur, et à se mettre en marche à sa suite vers la cité de Dieu : Jérusalem.
Dans cette ville vit un autre aveugle, du nom de Zachée. Lui non plus ne peut pas « voir » Jésus, « à cause de la foule » des péchés qui lui encombraient la vue ; de plus il était « de petite taille » : une humanité bien diminuée, rétrécie, à force d’être repliée sur elle-même dans une quête insatiable des biens terrestres. Pourtant son désir n’est pas totalement étouffé ; peut-être même est-il exacerbé par la nausée de cette course effrénée à l’avoir et au pouvoir qui ne lui ont apporté que déception et dégoût de soi. Il a soif de relations vraies, dans lesquelles il ne serait plus désigné comme le « collabo », le traître, le voleur – ce qu’il est certes, mais auquel il refuse d’être réduit. En entendant prêcher ce Jésus de Nazareth, il a perçu un autre discours que celui de ses concitoyens. Il n’est plus identifié à son péché : un chemin de miséricorde s’ouvre devant lui, l’invitant à la conversion, à la réconciliation avec Dieu, avec lui-même, et peut-être même avec ses accusateurs. Encore tout excité de sa découverte, Zachée grimpe dans un sycomore, signifiant par ce geste qu’il s’appuie sur l’arbre de la Torah pour justifier son audace de se rapprocher du Maître, alors qu’il est plus enfoncé dans le péché que Jéricho dans la terre.
« Jésus leva les yeux et l’interpella » : aussi haut que soit notre péché, aussi profonde que soit notre déchéance, pourvu que nous grimpions par la foi dans l’arbre de la promesse, nous y croiserons le regard de notre Rédempteur. Non pas le regard d’un juge nous scrutant du haut des cieux, mais le regard d’un frère en humanité qui s’est chargé du fardeau de tous et de chacun, et qui lève les yeux vers nous des profondeurs où sa solidarité l’a conduit ; le regard du « bon pasteur, du vrai Berger, qui connais ses brebis et que ses brebis connaissent, et qui donne sa vie pour ses brebis » (cf. Jn 10,11-15).
« “Zachée, descends vite” : à quoi bon chercher à t’élever vers Dieu, alors qu’il est descendu jusqu’à toi ? “Aujourd’hui il faut que j’aille demeurer chez toi”. » Zachée n’en croit pas ses oreilles : il était monté sur son arbre pour « voir » Jésus impunément, et voilà que c’est lui qui est « vu » par le Maître - qui en plus s’invite dans sa maison ! L’événement fait spontanément sourire ; et pourtant, ne le revivons-nous pas à chaque Eucharistie ? Ne sachant trop comment nous présenter devant Dieu, dans la conscience du triste état de notre humanité, nous nous abritons derrière sa Parole qui nous redonne courage et dans laquelle nous puisons des raisons d’espérer. Poussant l’audace jusqu’à nous approcher de l’autel, nos yeux ébahis découvrent l’humilité du Fils de l’homme venant à nous sous les humbles apparences du Pain et du Vin, et mendiant l’hospitalité de notre cœur.
Puissions-nous comme Zachée le « recevoir avec joie », et dans l’élan d’une conversion sincère, entrer dans la dimension de partage, qui confirme l’accueil de l’Esprit Saint dans nos vies.


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