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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

Sainte Elisabeth de Hongrie

La parabole de l’évangile de ce jour oriente donc notre attention sur le temps qui s’étend entre l’ascension du Seigneur et son retour dans la gloire, temps où l’homme a à s’investir pour recevoir au jour du jugement la couronne du salut. C’est bien notre Seigneur que nous avons à reconnaître dans le fameux roi de ce récit.
Le récit parabolique nous rapporte que, durant l’absence de ce dernier, ses ennemis ne se ménagent pas pour œuvrer au non avènement de son royaume. Après son départ, ils envoient derrière lui une délégation chargée de dire : « Nous ne voulons pas qu’il règne sur nous ». Ainsi, pour ceux qui veulent participer à l’avènement du royaume de Dieu et hâter sa venue, les tentations ne manquent pas pour les décourager et les détourner de cette finalité. Cela n’empêchera pourtant pas ce roi de revenir.
C’est alors qu’il demandera à ses serviteurs des comptes sur la gestion des biens qu’il leur avait confiés. Nous découvrons alors que la récompense pour un fidèle service ne sera pas un gain supplémentaire mais la participation à la propre souveraineté du Seigneur, entendons sa propre sainteté, sa propre vie divine. A celui qui revient avec dix pièces d’or, le roi déclare en effet : « Très bien, bon serviteur ! Puisque tu as été fidèle en si peu de chose, reçois l’autorité sur dix villes ». A celui qui en rapporte cinq, il dit : « Toi, tu seras gouverneur de cinq villes ».
Mais qu’en est-il de celui qui n’en rapporte aucune ? Le roi le traite de « serviteur mauvais » et lui enlève la pièce qu’il lui avait confiée pour la donner à celui qui en a dix. Pourquoi une telle sévérité ? Comment ce roi, a fortiori lorsqu’on pense qu’il représente dans notre parabole le Seigneur Jésus lui-même, peut-il être aussi intransigeant et si peu miséricordieux ?
Une phrase de ce roi est ici capitale : « Je vais te juger d’après tes propres paroles ». Le troisième serviteur s’est donc déjà jugé lui-même, et la sentence du roi ne fait que manifester ce jugement au grand jour. Rapporté au jugement final lors du retour du Seigneur, cela signifie que nous serons nous-mêmes nos propres juges. Ce sont nos actes d’ici-bas, eux-mêmes dépendants de la manière dont nous nous serons situés par rapport à Dieu, qui nous jugeront. Voilà l’enseignement fondamental de cette parabole. Le « serviteur mauvais » n’a pas fait fructifier le bien confié par le roi parce qu’il s’est enfermé dans une attitude de défiance et de peur vis-à-vis de lui. Nous retrouvons ici le propre de ce que le péché originel a semé dans le cœur d’Adam : la défiance et la peur de Dieu. Voilà le venin que le péché dépose dans le cœur de l’homme, venin qui le paralyse dans son action en le repliant sur lui-même, sur ce qu’il possède, et en l’empêchant d’entrer dans la dynamique du don seule capable de faire fructifier en lui les talents reçus de Dieu.
En outre, il convient aussi de remarquer que, contrairement à ce que s’imaginait le « serviteur mauvais », le roi ne reprend ni le bénéfice, ni même l’argent qu’il a confié à ses serviteurs. Il leur avait seulement demandé de faire fructifier son bien pendant son voyage. Dans le récit, nous ne trouvons en effet jamais sur sa bouche que c’était pour le reprendre ensuite avec ce qu’il aurait rapporté. Nous comprenons alors que le « serviteur mauvais » de la parabole n’a pas du tout perçu la gratuité des dons du roi. Comment pourrait-il alors reconnaître l’absolu de cette gratuité dans le don de sa miséricorde ! En fait, le roi ne peut faire miséricorde à ce serviteur parce qu’il est incapable de la reconnaître en lui. Nous voyons alors combien effectivement ses propres paroles vis-à-vis du roi le jugent.
« Seigneur, viens nous guérir des fausses images que nous avons de toi et qui nous maintiennent loin de toi dans une attitude de peur et de défiance. Donne-nous la grâce de te découvrir comme ce Dieu qui se donne tout entier à ses enfants, tout particulièrement lorsqu’il leur fait miséricorde. »


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