Homélie
jeudi, 33ème semaine du temps ordinaire
Quand Jésus fut proche de Jérusalem, il pleura. Il pleure parce que le désastre menaçant Jérusalem est la triste conséquence de l’exercice désordonné de sa liberté. Le peuple saint a refusé que son Dieu, son roi légitime, règne sur lui ; il n’a pas accepté l’instauration du Règne de paix que Jésus désirait inaugurer.
Pourtant Dieu semble avoir une part dans ce désastre : « Mais cela est resté caché à tes yeux ». L’emploi du passif désigne en effet une expression de la volonté et de l’action de Dieu. Oser attribuer à la main de Dieu l’incendie du Temple et la destruction de la Ville ! Il ne faut cependant pas lire ce verset en occultant les manifestations de confiance en Dieu remarquables que l’on trouve partout dans la Bible. Souvenons-nous par exemple de Job : nous acceptons le bonheur comme un don de Dieu, dès lors comment ne pas accueillir de même le malheur ?
Ainsi, ce genre de discours est une porte ouverte à l’espérance. La Bible sait que Dieu est tendresse et miséricorde. S’il châtie, cela ne peut jamais être son dernier mot. D’ailleurs, un malheur, s’il vient de Dieu, n’est jamais aussi redoutable que s’il vient des hommes. Car Lui a le sens de la mesure. Lui veut notre bonheur et ne saurait nous abandonner à notre malheur.
Les larmes de Jésus sont donc versées sur les souffrances inutiles auxquelles nous nous exposons nous-mêmes par manque de confiance en Dieu. Puissions-nous toujours garder un cœur disponible et prompt à reconnaître dans les événements de notre vie, les plus beaux comme les plus sombres, la présence bienveillante de notre Seigneur. Et surtout, que jamais nous n’ayons à faire pleurer Jésus par notre endurcissement et notre aveuglement, par des souffrances ou des mutilations qu’il aurait voulu nous éviter, pour peu que nous le laissions diriger notre vie. Que l’Esprit de Vie nous rende disponibles à l’enseignement de Jésus qui vient nous visiter dans l’espoir immense d’être accueilli.