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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

Christ-Roi

Jésus-Christ est Seigneur, il est notre roi. Mais sa royauté n’est pas de ce monde. Aujourd’hui comme hier, elle nous déconcerte. Elle se révèle à nous sans apparat ni appareil. Nous l’avons vu se dessiner tout au long de l’année liturgique, à travers des événements prophétiques comme l’hommage des mages ou l’onction de Béthanie, à travers des paraboles. Aujourd’hui nous le célébrons avec joie et nous l’affirmons avec force : Jésus est Roi. Cette seule acclamation montre que sa royauté n’est pas de ce monde. Sinon, la question se poserait aussitôt : roi de quoi ? Jésus n’est roi de rien. Il est roi de gloire. Roi de tout. Il est roi, tout simplement, il est roi absolument. Cette réalité est tellement difficile à admettre pour l’homme qu’il a voulu tourner Jésus en ridicule, l’habiller de pourpre et le couronner d’épines. Nos empires se sont taillé la part du lion et ne veulent laisser à Dieu que le ridicule de leurs artifices. Ce sont eux pourtant que nous renversons aujourd’hui en célébrant le Christ Roi. Nous renonçons ainsi à toutes nos prétentions et nous nous agenouillons devant le Christ, qui seul est roi.

Les textes de la liturgie dressent de cette royauté une fresque impressionnante. Chacune des lectures souligne la place centrale du Christ. Il est le messie, l’homme qui reçoit l’onction, selon la première lecture ; dans l’hymne de l’épitre aux Colossiens, il est l’unique Seigneur de l’univers entier, devant qui nous sommes tous frères ; dans l’évangile, il est le roi d’humilité qui se souvient du pécheur dont il porte les souffrances.

Au centre de ce triptyque, la Croix se dresse, dans sa gloire. Trône royal, elle déroute et suscite les provocations. Par trois fois, le Seigneur est interpellé : « si tu es le Christ… ». Chacun des groupes d’accusateurs interpelle Jésus en fonction de sa situation personnelle. Les chefs religieux attendent l’Élu et interrogent ainsi : « Si tu es le messie ». Les soldats, sûrs de la force de l’empire romain, défient un chef ennemi : « Si tu es roi ». Le malfaiteur à l’agonie lance une ultime tentative d’échapper à la mort : « si tu le messie, sauve-nous ». Si leurs positions sont différentes, mais leur provocation est la même « sauve-toi toi-même ! ». Comme si c’était en descendant de la Croix que Jésus aurait prouvé sa royauté ! Ultime tentation. Mais le Christ n’est pas venu parmi nous pour nous prouver que sa force est supérieure à la nôtre, il est venu pour nous apporter la réconciliation, pour nous offrir la liberté perdue. Il n’a pas à se sauver de nous, qui ne pouvons rien sur lui qu’il n’ait voulu, puisqu’il s’offre à nous par amour. Jésus, au contraire, révèle sa gloire en demeurant sur la Croix, en montrant qu’il est l’Agneau immolé en réparation des péchés.

Parmi ces cris, une parole de consolation. Il en est un qui reconnaît la royauté du Seigneur. Il lui souffle : « souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne ». C’est en voyant le crucifié que le bon larron le reconnaît comme roi. À celui qui est entré dans le mystère de sa royauté, Jésus confie le secret de son royaume : « aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis ». Le royaume ne concerne pas un futur abstrait, le royaume est présent, aujourd’hui, là où le Christ est présent. Ainsi, l’acte d’accusation proféré contre Jésus, « Celui-ci est le roi des Juifs », est ironiquement la proclamation de la vérité, car c’est du haut de la Croix que la royauté du Christ resplendit de toute sa magnificence. La mort de Jésus sur la Croix est en effet le plus grand et le plus bel acte d’amour qui soit. Elle est l’expression de l’amour de Dieu pour l’homme.

C’est à la lumière de cet amour que nous sommes invités à relire l’onction de David dans le livre de Samuel. Les anciens vont trouver David et déclarent : « nous sommes du même sang que toi ». La royauté qu’ils confèrent à David scelle ainsi leur unité, elle consacre l’unité organique du peuple de Dieu. Telle est la démarche que nous-mêmes effectuons aujourd’hui, avec l’ensemble du peuple de Dieu. À celui que nous avons rejeté et crucifié, nous avons la grâce de pouvoir dire désormais : « nous sommes du même sang que toi ! ». En vertu de son Incarnation, nous manifestons au Christ notre désir de n’être qu’un avec lui, d’être présents partout où il est présent. Pour nous, la vie n’est belle que lorsque qu’elle est vécue en tant que membres du Corps de notre Roi, en tant que baptisés. Nous manifestons cette résolution et cet élan dans la plus belle prière qui soit : l’eucharistie. L’eucharistie célèbre et fortifie notre union avec le Roi des rois.

Quelle merveille ! « Frères, rendons grâce à Dieu le Père qui vous a rendus capables d’avoir part, dans la lumière, à l’héritage du peuple saint ». Avec saint Paul, nous exultons de joie et de gratitude parce que nous sommes appelés à faire partie du Royaume du Christ. « Il nous a fait entrer dans le royaume de son Fils bien-aimé, par qui nous sommes rachetés et par qui nos péchés sont pardonnés », continue l’apôtre des Nations. Par sa mort, notre Roi a réconcilié toute créature ; il a scellé « par le sang de sa Croix » un pacte de paix inaliénable. En le ressuscitant, le Père a fait de notre Roi « le premier né d’entre les morts », « la tête du Corps, c’est-à-dire de l’Église ». L’hymne entonnée par saint Paul, célébrant la grandeur inégalable du Christ, nous ramène ainsi à la contemplation de la Croix, où la royauté de Jésus révèle son ampleur cosmique.

Cette méditation sur la royauté du Christ ouvre ainsi à une réalité connexe qui force l’admiration : l’Église dont le Seigneur est la tête. Elle est dépositaire du mystère du Christ. C’est pourquoi il est nécessaire qu’elle célèbre la royauté de son Époux et qu’elle l’offre à l’humanité. Jésus-Christ, mort sur la Croix pour nos péchés, Jésus-Christ ressuscité le troisième jour dans la puissance de l’Esprit-Saint, Jésus-Christ roi de l’univers, vient à nous dans son Église. Notre enthousiasme pour une si grande merveille réveille alors notre sens de la responsabilité vis-à-vis de ce mystère. Car l’Église, c’est nous. Qui va annoncer au monde la royauté du Seigneur Jésus, sinon ceux qui font partie de son Corps ? Un Roi n’est pas institué pour être seulement admiré ou même adoré, sa mission est rendue vaine si ses sujets ne le servent.

L’entreprise semble nous dépasser ? Il n’en est rien ! Souvenons-nous que le Seigneur a manifesté sa royauté sur le Croix en ne semblant se soucier que d’un seul homme, un malfaiteur : « aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis ». Soyons cet homme ; suivons l’exemple du bon larron. La royauté du Christ dans le monde dépend de notre propre reconnaissance, de notre propre service. Que le Christ règne dans nos vies ! C’est-à-dire : cessons d’instrumentaliser le Christ pour nos propres objectifs, à l’image du mauvais larron — « Sauve-toi toi-même, et nous avec ! » — et ouvrons-nous à la grâce de la Croix, qui est don de soi par amour de nos frères. Confions au Christ de fixer nos objectifs de vie et nos priorités, cessons de vivre repliés sur nous-mêmes et vivons pour le Seigneur. La question que nous pose la Croix du Roi de gloire n’est pas celle de vivre ou de mourir, mais de vivre « pour soi » ou de vivre « pour le Seigneur ».

Seigneur Jésus, tu es le Seigneur des Seigneurs, le Roi de l’univers ; tout genou fléchi devant ton humilité ; toute créature chante les louanges de ta gloire. Nous nous offrons solennellement à toi, nous nous soumettons à ta douce autorité : viens régner sans partage sur nos âmes et dans nos vies, nous sommes à toi. Fais que nous puissions de louer et te servir par toute notre vie, maintenant et dans l’éternité. Jésus-Christ est Roi de l’univers, à la gloire de Dieu le Père !


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