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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

Saint Ambroise, évêque et docteur de l’Église

La prudence élémentaire n’obligeait-elle pas le Berger à prendre le temps de rentrer le troupeau dans la bergerie avant de se lancer « à la recherche de la brebis égarée » ? Mais précisément : Jésus ne dit pas que le personnage mis en scène est le « berger » du troupeau, mais son « propriétaire ». Nous sommes donc en droit de penser que lorsqu’il se met en quête de l’égarée, les quatre-vingt-dix-neuf autres brebis demeurent sous la vigilance attentive des bergers à qui le propriétaire a confié son troupeau.
Cette interprétation cadre tout à fait avec le contexte du récit dans le premier Évangile. Alors que saint Luc propose cette parabole au chapitre 15 consacré à la miséricorde, saint Matthieu l’insert dans un enseignement portant sur la communauté des disciples (Mt 18,1-35). Il vient d’insister sur la place centrale qui revient aux « petits » dans l’Église : « Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car, je vous le dis, leurs anges dans les cieux voient sans cesse la face de mon Père qui est aux cieux » (Mt 18,11). Suit immédiatement la péricope de ce jour. Le « petit » qui devient la « brebis égarée », représente donc le néophyte - le croyant « nouveau-né » - qu’il faut à tout prix préserver du « scandale » (Mt 18,7), afin de ne pas provoquer sa chute (Mt 18,6), ou son égarement. Et si par malheur « un de ces petits » était « entraîné au péché par le scandale » (Mt 18,7), s’il s’égarait loin des chemins de l’Évangile en raison du contre-témoignage de ses aînés dans la foi, il faudrait sans tarder partir à sa recherche pour le retrouver et le ramener dans la communauté du salut. Le verset qui suit immédiatement notre péricope confirme également cette interprétation, puisque Notre-Seigneur y explicite la procédure de réconciliation à mettre en œuvre pour ramener dans le droit chemin les frères égarés dans le péché.
Le propriétaire des brebis, c’est le Père, qui les a confiées à son Fils. Celui-ci peut dès lors agir comme si les brebis lui appartenaient. « L’homme qui possède les brebis » et qui, laissant son troupeau dans la montagne, part « à la recherche de la brebis égarée », c’est donc Jésus : en lui Dieu nous cherche avec passion jusqu’au fond de nos égarements. Il a créé chacun de ses enfants à son image, comme un reflet de sa Beauté, un réceptacle de sa gloire ; il nous a faits pour lui, non pour son bon plaisir, mais pour que nous puissions trouver en lui notre joie. Mais pour le moment, nous sommes encore ces « tout-petits », ces nouveau-nés sur lesquels il veille avec une infinie compassion. Aussi n’y tenant plus, voyant notre égarement et notre impuissance à revenir à lui par nos propres forces, il accourt pour nous signifier que « notre crime est pardonné » (1ère lect.) ; « il vient avec puissance » pour sauver les brebis dispersées, et « comme un Berger, il conduit son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, il prend soin des brebis qui allaitent leurs petits » (Ibid).
Telle est la parole d’espérance que l’Eglise nous propose de méditer, de savourer, d’accueillir en ce temps de l’Avent. Ce n’est pas une utopie, un doux rêve, une projection de nos désirs : il s’agit de la Parole de notre Dieu qui demeure pour toujours. N’entendons-nous pas l’Esprit qui appelle et la joie secrète dont tressaillent déjà les créatures : « les arbres des forêts dansent de joie devant la face du Seigneur car il vient » (Ps 96 [95]). Hâtons-nous à sa rencontre : préparons à travers le désert de nos vies, le chemin du Seigneur ; abaissons nos montagnes d’orgueil, rectifions nos comportements tortueux, traçons dans les terres arides une route aplanie pour notre Dieu, afin que « la gloire du Seigneur se révèle en nous » et que nous puissions goûter « le fruit de sa victoire ».


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