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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

Férie de l’Avent

La liste généalogique ascendante qui constitue les « Annales des ancêtres » du Christ est subdivisée en trois périodes, comprenant chacune 14 générations : d’Abraham au roi David, de David à la déportation à Babylone, de la déportation à Babylone au Christ.
Jésus est ainsi enraciné dans la lignée des pères : le titre « Fils d’Abraham » le rattache au peuple élu ; « Fils de David » l’inscrit dans la lignée de David, d’où sortirait le Messie. Mais son nom propre est « Jésus-Christ », c’est-à-dire Jésus le Messie ; lui seul peut porter ce nom en vérité.
Si nous portons notre attention sur chacune des périodes évoquées, nous remarquons que les deux premières sont centrées sur des personnages connus, issus d’Abraham et de David ; par contre il n’en est plus de même pour la troisième, celle qui suit la déportation à Babylone. Seuls les trois premiers ancêtres sont encore bibliques. Après Zorobabel, on n’identifie plus très bien à quels personnages Matthieu fait allusion. A force de compromissions et de trahisons, le peuple a perdu sa prestance royale. Le Sauveur apparaît dans une lignée obscure d’inconnus, en qui tout homme pourra se reconnaître. A travers cette généalogie juive qui s’enlise dans l’anonymat, c’est l’humanité déchue tout entière qui s’annonce en filigrane.
Seuls les pères sont mentionnés dans cette genèse. Le verbe « engendrer » martèle toute la péricope, verset après verset, liant les pères aux fils de génération en génération. Et puis, brutalement, la longue énumération marque une rupture : elle s’arrête à Joseph qui n’est plus le sujet du fameux verbe « engendrer ». Par contre il est précisé du fils de Jacob qu’il est « l’époux de Marie », alors que nous ignorons tout des épouses de tous ces autres fiers géniteurs. L’homme, dont les listes généalogiques exaltaient la paternité, s’efface brusquement devant l’irruption inattendue d’une femme qui est mère tout en demeurant vierge.
La transmission du sang s’interrompt ; seul le mariage garantit la continuité entre Joseph et celui qui est fils de Marie selon la chair : « Joseph, l’époux de Marie, de laquelle naquit Jésus, que l’on appelle Christ ». L’enfant qui naît de la souche de David est héritier par alliance et non par le sang.
Il est remarquable que dans ce verset, Matthieu n’utilise pas le verbe « enfanter » normalement réservé à la femme, mais maintient le terme « engendrer », qui renvoie à la fonction paternelle. Cet enfant a donc un père, comme tous les enfants, mais qui peut-il bien être puisque Joseph n’engendre pas ? La réponse nous vient de la tournure passive - « de laquelle fut engendré Jésus » - succédant aux trente-neuf formes actives du même verbe ; selon un procédé littéraire courant dans le judaïsme, cette tournure verbale qui dispense de nommer le sujet, suggère l’intervention de celui dont le Nom est ineffable. L’action invisible de Dieu se manifeste dans ses effets : Jésus « est engendré ». Engendrement spirituel comme il convient à son Auteur, mais qui s’inscrit par le ministère de Joseph, dans la lignée charnelle dont il est le dernier représentant.
A l’approche de la nativité, il est bon de nous souvenir qu’après avoir été conçus selon la chair dans l’étreinte de nos parents, nous avons nous aussi été engendrés à la vie divine par l’action de l’Esprit, qui nous a rendus participants de la filiation de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.


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