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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

Nativité du Seigneur

L’Evangile de la messe de cette nuit de Noël se concentre sur le fait historique de la naissance du Seigneur, décrit d’ailleurs avec une simplicité déconcertante. Trois ou quatre lignes de paroles humbles et ordinaires, pour décrire l’événement incontestablement le plus important de l’histoire du monde : la venue de Dieu sur la terre.
La tâche de mettre en lumière la signification et la portée de cet événement est confiée, par l’évangéliste, au chant que les anges entonnent après avoir transmis l’annonce aux bergers : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ». Dans le passé, cette expression était traduite différemment : « Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ». Il s’agit toutefois d’une interprétation inexacte qui a été abandonnée aujourd’hui. En effet, dans le texte biblique original, il s’agit des hommes qui sont aimés de Dieu, à savoir ceux qui sont objets de la bonne volonté divine, et non pas qui sont eux-mêmes dotés de bonne volonté. L’annonce devient ainsi encore plus réconfortante. Si la paix était accordée aux hommes pour leur bonne volonté, elle serait limitée à ceux qui la méritent, donc à un petit nombre. Mais comme elle est accordée en raison de la bonne volonté de Dieu, cela signifie que par grâce, elle est offerte à tous.
Noël n’est pas un appel à la bonne volonté des hommes, mais une annonce éclatante de la bonne volonté de Dieu pour tout homme. Dans l’épître aux Ephésiens, nous lisons que Dieu nous a prédestinés à être ses enfants adoptifs, que c’est « ce qu’il a voulu dans sa bienveillance » (Ep 1,5). Ce mystère de sa volonté, la même épître nous dit qu’en Jésus il nous la fait connaître selon ce qu’il prévoyait « dans sa bienveillance » (Ep 1,9). Noël est la manifestation suprême de ce que l’Ecriture appelle la philanthropie de Dieu, c’est-à-dire son amour pour les hommes. A Noël, comme l’écrit Paul à Tite, dans la première lecture de ce soir : « Dieu, notre Sauveur, a manifesté sa bonté et sa tendresse pour les hommes » (Tt 3,4).

En venant au monde, Jésus a répandu en abondance parmi les hommes des dons de bonté, de miséricorde et d’amour. La contemplation d’un si grand mystère conduit saint Jean à s’écrier : « Voyez comme il est grand l’amour dont le Père nous a comblés : il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu » (1 Jn 3,1). Celui qui s’arrête pour méditer devant le Fils de Dieu qui est couché, sans défense, dans la crèche ne peut être que surpris et émerveillé par cet événement humainement incroyable. Dans l’Enfant de Bethléem, chaque homme découvre qu’il est gratuitement aimé par Dieu. Dans la lumière de Noël, la bonté infinie de Dieu se manifeste ainsi à chacun d’entre nous. En cette nuit très sainte, le Père céleste a inauguré en Jésus une nouvelle relation avec nous ; il nous a rendus « fils dans le même Fils ».

Nous ne sommes pas seulement des créatures, mais nous sommes des fils. De cette manière, Dieu est proche de nous ; de cette manière il nous attire à lui au moment de son incarnation, en se faisant l’un de nous. Nous appartenons donc vraiment à la famille qui a Dieu comme Père, car Jésus, le Fils unique, est venu planter sa tente parmi nous, la tente de sa chair, pour rassembler toutes les nations en une unique famille, la famille de Dieu, appartenant réellement à l’Etre divin.
Il est venu pour nous révéler le véritable visage du Père. Nous connaissons le visage de Dieu : c’est celui du Fils, venu rendre les réalités célestes plus proches de nous, de la terre. Saint Jean remarque : « Voici à quoi se reconnaît l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés » (1 Jn 4,10). A Noël, retentit dans le monde entier cette annonce simple et bouleversante : « Dieu nous aime ».

Après avoir ainsi contemplé la « bonne volonté » de Dieu envers nous, nous pouvons alors nous occuper aussi de la « bonne volonté » des hommes, c’est-à-dire de notre réponse au mystère de Noël. « Nous aimons — dit saint Jean — parce que Dieu lui-même nous a aimés le premier » (1 Jn 4,19). Ce mystère de Noël, cette grâce de la « bonne volonté de Dieu », ce don de l’Amour de Dieu, est désormais déposé entre nos mains pour qu’en en faisant l’expérience nous vivions tendus vers Dieu en étant tendus par la charité vers nos frères et sœurs en humanité.
A nous maintenant d’imiter, avec l’aide de sa grâce, l’action de Dieu à notre égard. Imiter le mystère que nous célébrons en cette nuit de Noël signifie abandonner toute pensée de se faire justice soi-même, tout souvenir de tort reçu, effacer de son cœur tout ressentiment, même juste, envers tous. N’admettre volontairement aucune pensée hostile, contre personne : ni contre ceux qui sont proches ni contre ceux qui sont loin, ni contre les faibles ni contre les forts, ni contre les petits ni contre les grands de la terre, ni contre aucune créature existant au monde. Et cela, pour honorer le Noël du Seigneur, car Dieu n’a pas gardé rancune, n’a pas tenu rigueur pour les torts reçus, il n’a pas attendu que d’autres fassent le premier pas vers lui. Si cela n’est pas toujours possible au cours de l’année, faisons-le au moins pendant le temps de Noël. Ainsi Noël sera vraiment la fête de la bonté car il sera fondé sur l’expérience du pardon offert gratuitement à la suite du pardon que Dieu nous a lui-même offert gratuitement.


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