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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

Les saints innocents, martyrs

Avouons-le : nous n’aimons pas cet épisode des Saints Innocents. Il nous choque mais nous n’osons pas l’avouer parce que c’est une page d’Evangile. Pourquoi Dieu n’intervient-il pas ? Pourquoi laisse-t-il assassiner ces enfants ? Même si pour les historiens leur nombre n’aurait pas dépassé une dizaine, c’est encore dix de trop ! La mort d’un seul enfant innocent est un scandale insoutenable dont nous avons du mal à ne pas rendre Dieu (au moins indirectement) responsable du fait qu’il ne l’a pas empêché. D’autant plus qu’il a envoyé un Messager céleste pour informer Joseph : il a su préserver son Fils mais ne semble guère se soucier des autres. N’aurait-il pas pu envoyer quelques légions d’Anges pour avertir ces dizaines de milliers de victimes du raz-de-marée qui les menaçait ?
Je ne me ferai pas l’avocat du Bon Dieu : il n’a guère besoin de défenseur ! Mais tout bon procès commence par essayer de reconstituer aussi objectivement que possible les événements. Certes l’intervention de l’Ange va sauver Jésus… cette fois-ci ! Mais c’est pour qu’il puisse atteindre l’Heure où il se livrera en pleine conscience et dans un plein consentement à ses bourreaux ; car telle est la condition du sacrifice d’amour.
Cela ne signifie pas pour autant que la mort des enfants victimes de la haine d’Hérode soit stérile, comme le serait la souffrance injustifiable de tant de millions d’enfants tout au long de l’histoire, qui n’étaient pas en état de faire de leur calvaire un acte de liberté. Pour pressentir quelque peu le retournement de situation que l’incarnation rédemptrice introduit dans le mystère du mal, il nous faut impérativement lire les événements à partir du point où ils trouvent un sens radicalement nouveau, c’est-à-dire à la lumière de la Pâque de Notre-Seigneur. Lorsque du haut de la croix Jésus fait de sa mort un sacrifice d’amour qui ouvre le ciel à tous les brigands repentant de notre humanité ; lorsqu’il intercède pour tous les bourreaux de l’histoire, ce n’est pas seulement sa vie livrée qui prend sens, mais celle de tous ceux qu’il récapitule en lui, c’est-à-dire toutes les victimes innocentes dont le sang rejaillit sur notre pauvre humanité marquée par le péché. C’est en leur nom que Jésus intercède auprès du Père pour leurs bourreaux : « Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » ; avant d’ajouter : « En tes mains je remets mon esprit ».
Dès lors, si l’Eglise « canonise » ces enfants qu’elle célèbre sous le nom des « Saints Innocents », c’est pour signifier qu’ils ont été, dans leur vie comme dans leur mort, étroitement unis à celui qui est notre « défenseur devant le Père : Jésus-Christ le Juste. Il est la victime offerte » qui fait de toutes les morts innocentes des sacrifices parfaits de charité, consumés dans le Feu de son Amour divin.


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