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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

Octave de Noël

Le dernier jour de l’année est mis sous le signe de la vigilance : « Nous sommes à la dernière heure, affirme saint Jean : l’AntiChrist doit venir ». Le discours semble à première vue assez inquiétant, annonçant une apocalypse imminente. Une lecture plus attentive nous invite cependant à nuancer : « Il y a dès maintenant beaucoup d’antichrists » précise l’hagiographe, « nous savons ainsi que nous sommes à la dernière heure ». Cette « dernière heure » fatidique n’est donc pas l’instant d’une déflagration finale qui embraserait le monde lorsque l’iniquité serait arrivée à son comble. Il s’agit du temps qui s’écoule entre l’« Heure » de l’intronisation du Fils de l’Homme, établi par sa résurrection Seigneur et Roi de l’univers, et le « Jour » de son retour dans la gloire en Juge universel.
Autrement dit nous cheminons nous aussi dans ce temps de « la dernière heure » ; nous en voulons pour preuve l’argument proposé par saint Jean lui-même : n’y a-t-il pas « beaucoup d’antichrists » dans notre monde ? Le même auteur inspiré précise en effet quelques versets plus loin : « Qui est le menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ ? Voilà l’Antichrist, celui qui nie le Père et le Fils » (1 Jn 2,22). Sur base de cette définition, nous sommes obligés hélas de nous rendre à l’évidence : les « antichrists » sont particulièrement nombreux de nos jours.
« Le Verbe était la vraie lumière ; il était dans le monde, mais le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu ». Tel est bien le drame de notre humanité ; devenue aveugle à la vraie lumière, elle affirme insolemment « Dieu est mort » et se hâte d’usurper sa place. Pauvre homme, ridiculement juché sur le trône qu’il s’est laborieusement taillé dans le roc d’un monde qui passe et qui demain ne sera plus !
Ne croyons pas que ces propos visent uniquement les ennemis « extérieurs » de la foi. L’antichrist vit en chacun de nous, il se tapit dans cette part obscure de nous-même que saint Paul désigne comme « le vieil homme », c’est-à-dire ce qui en nous appartient au monde ancien et refuse de se soumettre à la royauté du Christ et à l’hégémonie de l’Esprit Saint. Saint Jean confirme cette interprétation lorsqu’il écrit : « Ils sont sortis de chez nous, mais ils n’étaient pas des nôtres » - voilà pour le vieil homme, qui n’est d’ailleurs pas forcément « sorti » et dont le travail de sape intérieure est d’autant plus dangereux qu’il demeure occulte. « Quant à vous, celui qui est saint vous a consacrés par l’onction, et ainsi vous avez la connaissance » - voilà pour l’homme nouveau, l’homme dit « spirituel » car il a accueilli « la grâce et la vérité qui sont venues par Jésus Christ ». C’est ainsi qu’il est devenu participant à la vie divine et a trouvé accès à la connaissance filiale de Dieu le Père : « Tous ceux qui ont reçu le Verbe, ceux qui croient en son Nom, il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu. Ils ne sont pas nés de la chair et du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils sont nés de Dieu ».
Que le glaive à double tranchant de la Parole qui sort de la bouche de celui qui tient « les clés de la mort et de l’Hadès » (Ap 1,18), tranche dans le vif de notre humanité divisée, afin que nous puissions devenir des fils de lumière sans ombre, resplendissants de la gloire du Christ, « gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité ».


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