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 - 21 avril 2024 - Saint Anselme de Cantorbéry
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Homélie

mardi, 2ème semaine du temps ordinaire

Jésus se promène un beau samedi d’été dans les champs ; il ne va pas loin : juste de quoi se détendre les jambes, comme il convient le jour du sabbat. Mais voilà que les disciples posent un geste bien plus grave que la transgression du nombre de pas permis : ils arrachent des épis !! « Cueillir des épis » fait en effet partie de la liste des 39 comportements défendus le jour du sabbat ; mais le législateur visait l’action de moissonner, ce qui n’est bien évidemment pas l’intention des disciples. Quoi qu’il en soit, la réaction des pharisiens trahit leur malveillance ; leur cœur n’est pas dans le « sabbat shalom » - la paix du sabbat - mais dans le trouble de la jalousie ; prenant prétexte du geste des disciples, ils vont pousser l’hypocrisie jusqu’à leur reprocher d’être en infraction avec la Loi, et par le fait même, ils accusent leur Maître d’être complice par son silence : « “Regarde ce qu’ils font le jour du sabbat ! Cela n’est pas permis” ; un rabbi n’est pas supposé ignorer les prescriptions de la loi ni les coutumes de nos Pères. Pourquoi n’interviens-tu pas ? »
La longue patience de Jésus nous enseigne comment nous devrions réagir envers ceux qui nous cherchent noise. Loin de les rabrouer, de les ridiculiser pour leur argumentation spécieuse, Jésus prend tout au contraire la peine d’engager la conversation afin de leur ouvrir les yeux. « En supposant que mes disciples aient vraiment fait la moisson de ce champ que nous venons de traverser, ils l’auraient fait pour refaire leurs forces déficientes. Or si David a pu transgresser une loi cultuelle bien plus importante sans encourir de sanction, et pour le seul motif “qu’il avait faim”, c’est que la sauvegarde de la vie prime sur le respect d’une prescription rituelle. Ils ne sont donc pas coupables ».
Après cette argumentation introductive de type rabbinique, Jésus tente d’élever ses interlocuteurs d’une conception formelle de l’obéissance, à son sens spirituel, qui ne peut être qu’une réponse filiale d’amour au Dieu de l’Alliance.
« Le sabbat a été fait pour l’homme », pour l’humanisation de l’homme, afin qu’il ne tombe pas sous le joug de l’esclavage d’une productivité qui ne connaîtrait d’autre finalité que son propre accroissement indéfini. Le sabbat nous recentre sur la vie reçue du Père pour lui en rendre grâce, et pour la partager. Car la vie est essentiellement relationnelle : elle prend sa source dans la relation filiale avec Dieu notre Père, et se répand en relation d’amour envers nos frères. Et comme nous sommes des esprits incarnés, ces relations impliquent notre corps, qui a besoin d’être soutenu par la nourriture pour participer à la circulation de la vie. Ainsi donc l’acte des disciples est subordonné à la finalité du shabbat : s’ils ont besoin de se nourrir pour pouvoir vivre la dimension relationnelle à laquelle les invite ce jour, il est juste et bon qu’ils arrachent et partagent quelques épis dans l’action de grâce, comme des frères sous le regard d’un même Père.
« Le Fils de l’homme est maître du sabbat », car par le Pain du ciel qu’il nous partage et que nous partageons entre nous au cœur de l’Eucharistie, nous sommes dès à présent introduits dans le repos du septième jour de création (Gn 2, 2-3).


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