jeudi, 3ème semaine du temps ordinaire

Évidemment, la lampe n’est pas faite pour être mise sous le boisseau. Par cette vérité simple, Jésus nous rappelle que la lumière de notre baptême n’a sa place ni sous le lit des idéologies ni sous le boisseau des pressions sociales. Pourtant cette question si simple contient un détail étrange : « est-ce que la lampe vient », demande Jésus. Or, une lampe ne vient pas, elle est amenée. Jésus, lui, vient parmi nous. Il est la lumière du monde. Voilà curieusement imagé le mystère de l’Incarnation : Jésus humblement comparé à un objet de notre quotidien, lui, la source de la lumière.

De là les avertissements qui suivent. « Si quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il entende ». L’enseignement donné par Dieu est donné à tous et pour tous, il n’est pas fait pour être tenu secret. Mais l’avoir reçu n’est pas une garantie de salut car tout dépend de la qualité de l’écoute. Il ne suffit pas d’être disciple, il faut surtout être une terre fertile et accueillante au don de Dieu.

« Celui qui a recevra encore ». Celui qui a la lumière du monde et qui la met sur le lampadaire illuminera toute la pièce. Il y découvrira des frères, égarés et apeurés comme lui, en quête de la lumière du monde, comme lui. Ainsi, celui qui a la lumière recevra en outre des frères ; et la joie du partage. « Celui qui n’a rien se fera enlever même ce qu’il a ». Cachant sa lampe sous le boisseau, il l’étouffe et la perd. Dès que notre regard quitte celui de Jésus, le doute s’installe. Le doute tâche la foi d’ombre ; la volonté ne peut plus se fier à rien et s’opacifie devant Dieu ; l’esprit, aveuglé, se blesse aux obstacles de la raison.

Relisons encore cet évangile. Est-ce que la lumière du ressuscité est faite pour être engloutie dans nos nuits ? Ou bien crée-t-elle le jour nouveau, le jour où la solitude de l’homme est vaincue par la compagnie de Jésus, lui qui rejoint l’homme jusque dans la mort ? Par une question à propos d’une vérité simple du quotidien, Jésus annonce sa passion et le dit par avance : elle ne sera pas vaine. « Si quelqu’un a des oreilles qu’il entende ! »