Saint Jean Bosco, prêtre

Un possédé sortant d’un cimetière… Drôle d’ambiance. Jésus arrive. « Que me veux-tu, Jésus, Fils du Dieu Très-Haut ? Je t’adjure par Dieu, ne me fais pas souffrir ! ». Le Sauveur est accueilli avec agressivité, comme un perturbateur de la tranquillité du Royaume des morts. Il est clair que Jésus est plus que cela. Il est le vivant. L’homme possédé le sait, c’est pourquoi il l’appelle « Fils du Dieu Très-Haut ». Mais il ne peut pas parler en vérité ; quand il interpelle Jésus, c’est pour insinuer qu’il soit venu pour faire souffrir l’humanité. Certes, le chemin que Jésus ouvre vers la maison du Père est le chemin de Croix. Mais la souffrance n’est pas son terme, elle n’est que la conséquence de l’arrachement à notre condition de pécheur. Jusqu’au bout, l’Ennemi tente donc de tromper l’homme, et tant qu’il reste sous cette séduction, l’homme continue de souffrir.

Il y aurait de quoi se réjouir sans retenue de cet épisode qui raconte à l’avance la victoire totale de Jésus sur la mort et la liberté qu’il apporte aux hommes. Mais la suite des événements est un peu déroutante. Les gardiens du troupeau « prirent la fuite ». Expression étrange. Ils vont annoncer la nouvelle dans la ville et dans la campagne, si bien que tous ces gens, représentant l’ensemble de l’humanité que Jésus vient de libérer, avancent à sa rencontre. Mais aucun dialogue ne s’établit. Dans cette contrée étrange, il est encore impossible de s’ouvrir au frère, pourtant porteur de la paix et du salut. Comme si la vie dans les ténèbres rendait difficile l’apprentissage de la vie en pleine lumière. Ces gens demandent à Jésus de partir.

Demandons au Seigneur de nous ouvrir à sa présence dans nos vies. Qu’il nous apprenne à le reconnaître ; qu’il se révèle à nous comme le Dieu proche, le compagnon de nos routes. Et surtout, que lui, le Fils Unique, nous révèle le visage du Père, car c’est en lui que nous trouvons notre identité profonde et notre raison d’être.