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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

vendredi, 5ème semaine du temps ordinaire

Si nous devions choisir entre perdre la vue et perdre l’ouïe, spontanément la majorité d’entre nous préfèrerait être sourd plutôt qu’aveugle. Pourtant les études psychologiques montrent que la souffrance du sourd dépasse celle de l’aveugle, en raison de son plus grand isolement, ne pouvant participer aux échanges interpersonnels qui se font essentiellement par le moyen de la parole. Hélas, telle est bien la triste situation de notre humanité : spirituellement sourds et aveugles, nous nous replions sur notre intériorité vide, emmurés dans notre solitude, incapables de communiquer vraiment, ni avec Dieu, ni avec les autres.
Alors qu’on demande à Jésus uniquement de « poser la main sur le malade », Notre-Seigneur va faire bien davantage : il met ses doigts dans les oreilles du malheureux, et touche sa langue d’un peu de sa salive, exprimant ainsi concrètement sa solidarité profonde avec sa condition misérable. Ne faisant plus qu’un avec ce frère en humanité blessé dans sa chair et dans son âme, Jésus lève les yeux vers Dieu son Père, signifiant ainsi clairement l’origine de la puissance qu’il met en œuvre : le soupir qui prolonge son regard suggère l’action du Souffle du Très-Haut qui restaure notre pauvre humanité dans sa capacité relationnelle. Ces gestes trouvent tout leur sens dans la parole qui les accompagne : « Effata », c’est-à-dire « Ouvre-toi ! ». Le fait que donne la citation en araméen - la langue usitée ordinairement par Jésus – nous laisse pressentir que l’évangéliste nous a transmis cet épisode dans toute sa fraîcheur originelle. On comprend que la première communauté ait été sensible à cet épisode qui exprime si bien la compassion active de Notre-Seigneur à notre égard ; c’est sans doute pourquoi l’Eglise avait introduit le rite de l’« Ephata » dans la liturgie du baptême : le prêtre prononçait cette parole tout en introduisant ses doigts dans les oreilles de l’enfant, avant de toucher sa langue d’un peu de salive.
Remarquons que Jésus ne dit pas « Que s’ouvre tes oreilles », mais « Sois ouvert, tout entier » : car c’est l’homme dans son intégralité qui est malade du péché et que Jésus vient guérir. L’effet est instantané : « ses oreilles s’ouvrirent ; aussitôt sa langue se délia et il parlait correctement ». L’homme est rétabli dans sa beauté originelle ; la remarque émerveillée de l’entourage – « Tout ce qu’il fait est admirable : il fait entendre les sourds et parler les muets » - fait écho au livre de la Genèse : « Dieu vit tout ce qu’il avait fait : c’était très bon » (Gen 1, 31). Jésus est venu pour une nouvelle création, qui accomplit ce qui s’annonçait dans la première, et que la péché a mis en échec, à savoir une humanité réconciliée, vivant de la vie même de son Créateur, reconnu comme Dieu et Père.

« Aujourd’hui encore, Seigneur, tu veux nous guérir de notre surdité et ouvrir nos oreilles à ta Parole, pour l’accueillir « pour ce qu’elle est réellement : non pas une parole d’hommes, mais la parole de Dieu qui est à l’œuvre en nous, les croyants » (1 Th 2,13). Tu veux aussi que notre langue soit déliée, pour que nous ne restions pas muets, mais proclamions cette Parole dans la puissance de l’Esprit. Mais pour que tu puisses accomplir en nous ce miracle, il nous faut consentir à te suivre à l’écart, loin de la foule, loin des bruits de ce monde, pour te rencontrer dans l’intimité de la prière, nous laisser toucher par toi, et te laisser souffler sur nous ton Souffle divin. Nul ne peut être disciple sans accueillir auparavant cette transformation intérieure radicale : qu’à la prière de Notre Dame de Lourdes, nous puissions y consentir sans plus attendre. »


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