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 - 26 juillet 2024 - Sainte Anne
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Homélie

vendredi, 6ème semaine du temps ordinaire

Jésus vient d’ « interpeller vivement » Pierre, dont les vues trop humaines sont un obstacle à la réalisation du dessein de salut. Se mettant du côté du tentateur, il vient en effet de suggérer à son Maitre de renoncer à la folie de la croix, pour accomplir la rédemption par des moyens plus conformes à la sagesse humaine (cf. 1 Co 1, 25). Ce faisant, il réveille la volonté de vivre de Jésus - vrai Dieu mais aussi vrai homme - qui s’oppose à sa volonté profonde d’adhérer à la mission que le Père lui a confiée. Aussi Notre-Seigneur repousse-t-il avec force cette tentation, mobilisant son irascible pour rejeter la suggestion et poursuivre sa route dans la paix, le cœur unifié en Dieu.
Se rendant compte de la puissance de l’instinct de survie, et combien il risque de nous conduire à des compromissions, voire même à la trahison, Jésus appelle les foules pour les mettre sérieusement en garde. Le vieil homme ne peut entrer dans le Royaume ; c’est pourquoi le disciple doit-il y renoncer radicalement, sans quoi il ne pourra pas « marcher derrière » son Maître : la peur de perdre tout ce qui fait sa vie ici-bas - l’avoir, le pouvoir, la gloire - l’empêchera de poursuivre sa route. Aussi le Seigneur nous invite-t-il à une réflexion réaliste : de tout ce que nous aurons accumulé, que pourrons-nous emporter lors du grand passage ? Rien bien sûr. Quel dommage de nous laisser détourner de la vraie vie, la vie éternelle qui vient du Père, par attachement à des biens éphémères qui nourrissent une vie qui nous échappe à chaque instant !
Notre raison, éclairée par la foi, est sans doute sensible à ce langage ; mais cela ne signifie pas pour autant que notre volonté soit convertie ; car « notre volonté de nature s’oppose à tout ce qui est contraire à la nature » (S. Thomas d’Aquin, Somme théologique, III, q. 18, a. 5), c’est-à-dire à toute forme de douleur ou de souffrance, à tout renoncement qui nous coûte. « Néanmoins, ajoute le Docteur angélique, la volonté de raison peut parfois choisir ces maux en considération de la fin ». Voilà pourquoi il est vital de nourrir quotidiennement notre intelligence et notre cœur du bon Pain de la Parole, afin d’orienter notre désir et notre volonté vers notre destinée de gloire. Ce n’est qu’ainsi que notre volonté de raison parviendra à s’imposer à notre volonté de nature, et à lui faire accepter les renoncements qui s’imposent sur le chemin de la vraie liberté et de la vraie vie.
Fondamentalement, ces renoncements se résument en un seul : il faut à tout prix que nous renoncions à la philautia - l’amour de soi - pour pouvoir suivre Jésus sur le chemin de l’agape - l’amour de charité. A chacun de nous de discerner, à la lumière de l’Esprit Saint qui seul peut nous révéler notre péché, sous quelle forme cet amour de soi se manifeste dans notre vie personnelle. Il est clair que nous ne parviendrons pas à nous libérer par nos propres forces des enfermements que nous avons nous-mêmes construits. Mais c’est en fixant nos regards sur le Christ que nous parviendrons à « faire mourir en nous ce qui appartient encore à la terre - colère, emportement, méchanceté, insultes, propos grossiers, mensonges - ; que nous pourrons nous débarrasser des agissements de l’homme ancien qui est en nous, et revêtir l’homme nouveau, celui que le Créateur refait toujours neuf à son image pour le conduire à la vraie connaissance » (cf. Col 3,5-10).


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