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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

mercredi, 8ème semaine du temps ordinaire

Pour la troisième fois, Jésus met devant les yeux de ceux qui le suivent les souffrances qui l’attendent. Et une fois encore, cette annonce par Jésus de sa Passion est suivie d’une incompréhension de la part des disciples.
Pour beaucoup, il ne faisait aucun doute que ce Jésus, issu de la lignée de David, puissant en actes et en paroles, était le Messie sauveur qui allait bouter l’envahisseur romain dehors et rétablir la royauté en Israël. Dès lors, quel honneur et quel avantage de pouvoir figurer parmi ses ministres. On comprend mieux la demande de Jacques et Jean : « Accorde-nous de siéger, l’un à ta droite, l’autre à ta gauche, dans ta gloire » !

Jésus ne semble pas heurté par cette requête. Il ne lui oppose aucune fin de non-recevoir. Il répond simplement : « Vous ne savez pas ce que vous demandez », autrement dit, vous ignorez quel est le véritable désir qui vous habite et qui ne peut vous apparaître que de façon déformé.
Selon sa pédagogie habituelle, Jésus va essayer d’éclairer la demande de ses interlocuteurs pour les amener à la préciser et à la corriger, pédagogie qui consiste à partir des désirs humains mal orientés pour les purifier et les rectifier.
Ici, la fin visée par le désir n’est pas mauvaise en soi. Il est légitime de vouloir demeurer dans la proximité du Maître et de participer à sa gloire. C’est bien pour cela que Jésus ne trouve rien à redire à cette demande. Mais il va distinguer la finalité de cette requête et la manière d’y parvenir.

« Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire, recevoir le baptême dans lequel je vais être plongé ? » Le moyen pour parvenir à la proximité la plus intime avec Jésus est caché derrière cette question : boire à la coupe que le Maître lui-même boira. Boire à la coupe de sa Passion, communier à lui jusqu’au cœur de ses souffrances, être baptisé dans sa mort pour ressusciter ensuite. Jésus veut amener ses apôtres à découvrir que c’est là l’unique moyen pour vivre dans l’intimité la plus profonde avec lui.
Il confirme d’ailleurs leur capacité à saisir ce moyen même s’ils ne sont pas encore conscients de ce que cela représente : « Ma coupe, vous y boirez ; et le baptême dans lequel je vais être plongé, vous le recevrez. Quant à siéger à ma droite et à ma gauche, il ne m’appartient pas de l’accorder, il y a ceux pour qui ses places sont préparées par mon Père. ». Là encore, Jésus part du désir de ses apôtres pour les conduire plus loin en dissociant immédiatement la participation indispensable à ses souffrances pour prétendre à une quelconque proximité avec lui de la réalisation de cette demande.

Certes, pour accéder au Royaume il faut passer par la croix mais la répartition des places revient au Père en personne. L’enjeu ici pour Jacques et Jean est de comprendre que la réalisation de leur désir doit se soumettre au désir du Père du Fils unique. Chacun de nos désirs doit se découvrir dans sa réalisation dépendant de la volonté du Père. C’est d’ailleurs ce qui nous permet de sortir de tout égocentrisme.
Mais le désir ici est un désir bien particulier, un désir fondamental : celui de vivre dans l’intimité du Fils et partant dans celle du Père. Il s’agit donc de reconnaître que pour accéder auprès de Père, la première condition est celle de se reconnaître dépendant de lui. Demeurer auprès de Dieu est d’abord un don de Dieu. « Dieu le premier nous a aimé », comme le dira plus tard saint Jean dans une de ses épîtres.

L’indignation des dix autres apôtres face à la demande de Jacques et de Jean ne parvient pas à masquer leur propre envie et les pensées secrètes qui habitent leurs cœurs. Jésus va alors rebondir sur leur réaction pour leur enseigner ce que signifie véritablement siéger à ses côtés, autrement dit prétendre aux premières places dans le Royaume.
Si Jésus n’a pas condamné la demande de Jacques et Jean c’est qu’il reconnaît une légitimité à partager sa gloire. Mais la manière d’entendre cela va dépendre du point de vue duquel on se place. Du point de vue du monde, cela signifie « commander en maître » nous précise Jésus, autrement dit asseoir son pouvoir en se faisant servir par les autres dans une recherche narcissique au service de son moi. Dans la logique du Royaume, être « grand » et être « le premier » signifie exactement l’inverse à savoir se mettre au service d’autrui dans le désintéressement le plus total : « le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. »
Jésus nous place ici devant deux logiques : celle du pouvoir qui se sert et qui dispense de servir et celle du service qui conduit à se sentir responsable et solidaire de chacun. La première est une logique de la violence qui poussée au bout conduit à condamner l’innocent. La seconde ira jusqu’à se servir paradoxalement de la première pour affirmer la suprématie de la logique du don lorsque l’Innocent, condamné injustement, acceptera et choisira de donner jusqu’à sa vie pour chacun.

« Seigneur Jésus, aide-nous à nous engager à ta suite sur ce chemin du service qui conduit à la vie et à renoncer au chemin du pouvoir selon l’esprit du monde qui conduit à la mort. Puissions-nous répondre positivement à l’invitation que tu nous adresses par ces mots de l’Ecriture : ‘Choisis donc la vie, pour que toi et ta postérité vous viviez, aimant le Seigneur ton Dieu, écoutant sa voix et t’attachant à lui ; car là est ta vie’ ».


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