Catholic.net International English Espanol Deutsh Italiano Slovensko
 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
Navigation: Homélie

 

Homélie

Férie de Carême

Durant les trois premiers siècles du christianisme, l’Eglise ne jeûnait que le vendredi et le samedi saints, comme l’attestent encore saint Irénée (195) et Tertullien. Et ceci en raison de la parole de Jésus que nous venons de lire. Ce n’est que progressivement et sous l’influence du monachisme, que le jeûne sera étendu à l’ensemble de la semaine sainte puis au temps du carême, en solidarité avec les catéchumènes qui se préparent à recevoir le baptême dans la nuit de Pâque.
Le jeûne se présente donc comme une démarche pénitentielle en vue d’une participation plus intense à la vie du Ressuscité : « le connaître, lui, avec la puissance de sa résurrection et la communion à ses souffrances, écrit Saint Paul, lui devenir conforme dans sa mort, afin de parvenir si possible à ressusciter d’entre les morts » (Ph 3,10-11).
Cette qualification particulière du jeûne chrétien en spécifie les modalités : nous ne pouvons accueillir la vie du Ressuscité que dans la mesure où nous lui faisons une place, ce qui suppose d’accepter de « mourir à soi ». Par cette expression nous entendons : renoncer au « vieil homme », qui est en nous principe du péché en raison de ses complicités avec le Prince de ce monde. Il ne s’agit donc pas d’« offrir des sacrifices et des holocaustes » (Ps 50) qui ne nous impliquent qu’extérieurement ; mais plutôt de nous convertir en profondeur, ce qui est incontestablement beaucoup plus difficile et onéreux : « Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé ; tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé » (Ibid.).
Le passage du prophète Isaïe proclamé en première lecture, nous propose la pédagogie de la « mort à soi » préconisée dans l’ascèse chrétienne. Le jeûne qui plaît à Dieu consiste essentiellement en des gestes prophétiques qui anticipent et annoncent le Royaume attendu : briser les jougs, nourrir l’affamé, recueillir le malheureux, bref ne pas « nous dérober à notre semblable », qui en Jésus Christ est devenu notre frère.
Voilà pour le positif ; quant aux restrictions, elles ne sont toujours que les antithèses des prescriptions que nous venons de voir :
-  jeûner de la toute-puissance qui me conduit à faire peser de lourds fardeaux sur ceux qui me sont confiés ; fardeaux de nos humeurs, colères, impatiences, lassitudes, exigences, e.a.
-  jeûner du mépris, de l’indifférence et du jugement envers les pauvres, qui m’empêchent de voir leurs besoins et d’entrer avec eux dans une dimension de partage ;
-  jeûner aussi du souci de ma réputation, de la complaisance dans le regard admiratif des autres, qui me conduisent à des comportements hypocrites, cherchant à paraître ce que je ne suis pas pour attirer l’attention et la louange.

La promesse assortie à cette ascèse nous ramène à la visée du carême : « “alors la lumière (du Ressuscité) jaillira comme l’aurore” et illuminera ta vie ; “tes forces (spirituelles) reviendront rapidement” ; le Seigneur qui est “ta justice marchera devant toi” ». Elle est véridique cette Parole et digne de confiance : ceux qui vivent dans l’obéissance aux préceptes divins, « la gloire du Seigneur les accompagnera ».
Si tous les chrétiens du monde unissaient leurs efforts et réalisaient le programme proposé par Isaïe dans la lecture de ce jour, alors, à l’appel de l’Eglise-Epouse, le Seigneur répondrait : « Me voici » ; il viendrait sur les nuées instaurer son Règne, et nous serions enfin pour toujours avec lui (I Th 4, 16-17).

« Seigneur ouvre mes yeux, que je prenne conscience de l’étroitesse de la vie que je mène, et donne-moi d’oser le premier pas sur le chemin du don, dans la certitude que tu en feras mille vers moi. »


Accueil | Version Mobile | Faire un don | Contact | Qui sommes nous ? | Plan du site | Information légales