Férie de Carême

Dans la Bible hébraïque, le livre d’Esther ne contient ni mention du nom de Dieu ni la moindre prière. Le récit préfère souligner l’action discrète mais déterminée du Seigneur œuvrant en coulisses, grâce à Esther et à Mardochée, pour sauver son peuple. La traduction des Septante estompe cette absence de Dieu sur les devants de la scène, en plaçant sur les lèvres de la reine Esther la prière de demande que nous méditons aujourd’hui. C’est reconnaître l’importance de pouvoir s’adresser directement à Dieu pour implorer son secours.

C’est dire aussi la proximité de Dieu qui accepte et écoute la prière des hommes. En agissant ainsi, Dieu se révèle en effet plus accessible que les rois de la terre. Ainsi, le Grand Roi des Perses ne tolérait en sa présence que les personnes qu’il conviait lui-même ; quiconque tentait de l’approcher de sa propre initiative était puni de mort. Tel est le contexte de la prière de la reine Esther : elle prie le Dieu proche de l’aider à prévenir l’inaccessible Grand Roi du complot d’Hamann contre le peuple Juif. Esther, dans cette prière devenue un modèle pour les croyants, implore de Dieu de sauver son peuple.

D’une manière générale, y compris dans la prière quotidienne, le judaïsme connaît un grand nombre de prières de demande pour obtenir de Dieu qu’il soit un guide, qu’il protège ou qu’il fasse miséricorde. La prière de Jésus dans l’évangile de Matthieu appartient à cette tradition. Mais elle a ceci de particulier qu’elle insiste très fortement sur la puissance intrinsèque de la prière de demande : « demandez, vous obtiendrez ». Par cette prière, Jésus nous enseigne davantage à avoir une totale confiance en Dieu qu’à lui demander notre nécessaire : Dieu est capable d’entendre notre prière et il est disposé à donner volontiers.

Enfin, la prière du psaume nous rappelle que la façon la plus simple de renouveler notre confiance en Dieu qui donne est de lui rendre grâce pour ce qu’il a déjà donné ! « De tout mon cœur, Seigneur, je te rends grâce : tu as entendu les paroles de ma bouche ». À la lumière de l’évangile, ce verset exprime l’intensité de la foi : en adressant notre demande à Dieu, nous pouvons déjà le remercier, car, assurément, il est le Dieu qui donne.

Seigneur Dieu, qui est plus accessible que n’importe quel homme et plus puissant que n’importe quel roi, tu es le Dieu qui donne parce que tu es Père. Donne-nous d’être tes enfants, en plénitude !