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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

Férie de Carême

Les premières paroles de l’extrait du prophète Isaïe que nous avons entendu en première lecture résonnent comme un coup de clairon : « Ecoutez la Parole du Seigneur ! » Et à qui s’adresse cette injonction ? A ceux « qui ressemblent aux chefs de Sodome », c’est-à-dire à ceux qui font le mal sans scrupule, qui prétendent avoir dépassé l’opposition entre le bien et le mal, qui se vantent d’avoir instauré enfin un relativisme moral libérateur. Le Seigneur ne se répand cependant pas contre eux dans un flot d’invectives ou d’accusations : il se contente de les interpeller vigoureusement : « Ecoutez la Parole du Seigneur », c’est-à-dire reconnaissez l’altérité divine et prêtez l’oreille à ses propos. Pour convertir les pécheurs, Dieu commence par leur manifester sa paternité en les convoquant autour de sa Parole. Certes, il propose un enseignement, mais il ne nous impose pas un monologue moralisateur : « Venez donc et discutons, dit le Seigneur ». Le père est celui qui ouvre le dialogue : il parle et donne la parole ; et c’est dans cet échange de paroles à la lumière de la miséricorde - « Si vos péchés sont comme l’écarlate, ils deviendront comme la neige » - qu’il veut nous faire découvrir à la fois la vérité, et notre responsabilité personnelle devant elle.
Toute autre est l’attitude des « scribes et pharisiens ». Eux aussi ils « enseignent », avec autorité, mais leur parole n’invite pas au dialogue, elle ne met pas en relation. Leur discours tend plutôt à creuser une distance entre eux et les autres, qu’ils veulent maintenir en leur pouvoir en les « chargeant de pesants fardeaux ».
La paternité de Dieu libère et fait vivre ; celle des scribes et pharisiens qui usurpent « la chaire de Moïse », aliène et écrase. Cependant, dans la mesure où ils se réfèrent aux Ecritures, c’est-à-dire à la Parole du Dieu Père, il convient de les écouter et d’ « observer tout ce qu’ils peuvent dire ». C’est le contre témoignage de leur vie concrète, qui est inadapté, mensonger, à proscrire. Car contrairement à Dieu qui cherche uniquement le bien du pécheur, qui désire qu’il se convertisse et qu’il vive, les scribes et pharisiens ne sont préoccupés que d’eux-mêmes, de leur propre gloire. Ces « bergers mercenaires » ne sont pas le Bon Pasteur ; « les brebis ne comptent pas vraiment pour eux » (Jn 10,13). Jésus, lui, est la Parole, le Verbe de Dieu, autour duquel le Père convoque tous les hommes de bonne volonté afin de leur révéler son vrai visage et le dessein bienveillant qu’il nourrit à leur égard. Il est l’unique « Bon Pasteur » qui rassemble les enfants dispersés du Père de tous les hommes : « il y aura un seul troupeau et un seul pasteur » (Jn 10,16). Il ne se contente pas d’enseigner le chemin de la vérité et de la vie : il est lui-même ce chemin, qu’il ouvre à travers la mort afin de nous donner part à sa vie : « le vrai Berger donne sa vie pour ses brebis » (Jn 10,11). C’est en allant ainsi au bout du chemin de l’amour, que le Fils témoigne du Père et le glorifie.
A l’école de l’Evangile, nous découvrons que seul Notre-Seigneur Jésus Christ est digne de foi, parce que lui seul « a observé parfaitement tout ce qu’il a enseigné ». La force de persuasion du christianisme ne réside pas dans l’art oratoire déployé par les prédicateurs, mais elle procède essentiellement de la transformation concrète de la vie de ceux qui s’appuient sur la Parole et se livrent à l’Esprit.
Puissions-nous en ce temps de Carême, prendre conscience de notre responsabilité, pour qu’en voyant l’œuvre de l’Esprit en nous, les hommes « rendent gloire à Dieu en offrant le sacrifice d’action de grâce » (Ps 49).


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