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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

Férie de Carême

« Je m’en vais » : Jésus présente son départ prochain comme le fruit d’une initiative personnelle ; nul ne prend sa vie, mais c’est lui qui la donne (cf. Jn 10,17-18). Notre-Seigneur annonce qu’il part pour un lieu mystérieux où les Juifs ne « pourront pas aller », faute d’avoir accepté de s’y laisser conduire par lui. N’ayant pas voulu reconnaître le Messie de Dieu du temps de sa visite, ils continueront en vain à le chercher. Aussi sa venue aura-t-elle été inutile pour eux : ils « mourront dans leur péché ».
Feignant de ne pas comprendre, les interlocuteurs de Jésus ironisent : « Veut-il se suicider ? » Selon la Tradition en effet, les âmes de ceux qui avaient mis fin à leurs jours descendaient dans des lieux inaccessibles du shéol. Mais refusant de se résigner à leur mauvaise foi, Notre-Seigneur reprend patiemment son enseignement, et changeant de pédagogie, il s’appuie sur les symboles archétypaux afin de rejoindre ce qu’il y a de plus universel dans l’espérance qui habite le cœur de tout homme.
Le « bas » est associé dans toutes les cultures à notre monde quotidien ; à cette terre d’errance où nous pérégrinons dans l’attente de meilleurs lendemains ; à cette « vallée de larmes » où règnent le mal, la souffrance et finalement la mort. En opposition à cette dure réalité, tous les hommes de tous les temps ont localisé symboliquement leur espoir d’une destinée meilleure « en haut » - dans notre terminologie nous parlerions du ciel – le « lieu » où l’Etre suprême comble les désirs inassouvis de nos cœurs et où nous pourrons enfin nous reposer de nos efforts, nous consoler de nos tristesses, oublier tous nos deuils dans la jouissance d’une vie pleine, sans ombre, ni souffrance, ni mort.
S’appuyant sur ces représentations symboliques universelles, Jésus situe ses interlocuteurs en ce bas monde où règnent les ténèbres et la mort, tandis qu’il se présente comme appartenant aux régions célestes de la lumière et de la vie, apparentées dans la tradition juive au Royaume de Dieu lui-même et de ses Anges.
L’antagonisme, nettement marqué, doit faire impression : Jésus se positionne délibérément dans la sphère divine, comme le confirme l’utilisation de l’expression : « JE SUIS », traduction de la formule « Ani hu » remplaçant le tétragramme sacré (Yahve). Mais l’enseignement du Seigneur va plus loin encore : car c’est en tant qu’homme parmi les hommes qu’il affirme néanmoins son appartenance aux régions célestes. Ce qui laisse supposer que la frontière nettement définie entre les deux espaces est transgressée : le ciel a visité la terre, Dieu a envoyé aux hommes un messager ; or si celui-ci n’est pas un Ange, mais un humain, ce ne peut être que le Messie.
Jésus vient donc à nouveau de se présenter comme l’Envoyé du Père chargé de « dire aux hommes la vérité », et c’est en cette qualité qu’il prétend dénoncer et « condamner » le mensonge. La Parole qu’il a mission de proclamer ne constitue cependant pas un jugement, voire une condamnation des personnes ; elle se présente tout au contraire comme un message de salut : le Christ est venu inviter les hommes à la conversion afin qu’ils puissent accéder à la vie que le Père leur offre en son Fils. Par contre ceux qui refusent d’entendre sa voix, seront leur propre juge (cf. Jn 12,48) : « Si vous ne croyez pas que moi JE SUIS », c’est-à-dire si vous refusez de me reconnaître comme l’Envoyé de Dieu « transmettant son enseignement », vous « mourrez dans vos péchés ».
Ce message de grâce culminera dans un événement mystérieux auquel les hommes participeront, mais dont ils ne découvriront qu’a posteriori le sens : « Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous comprendrez que moi, JE SUIS ». L’appartenance du Fils de l’Homme à la sphère divine, son origine d’en haut, éclateront au grand jour à l’occasion d’une « élévation », qui manifestera à la fois l’identité et la mission de Jésus. Appartenant à cette terre par son incarnation, l’origine du Verbe n’en demeure pas moins céleste ; et c’est cette double appartenance qui lui permet précisément de dresser entre ciel et terre une échelle – l’échelle de Jacob (cf. Gen 28, 12) - par laquelle Dieu se fait proche des hommes et par lequel les hommes ont accès à Dieu.
« Sur ces paroles, beaucoup crurent en lui » : choisissons résolument la vie en nous attachant au Christ, qui a voulu prendre part à notre nature humaine, afin de nous permettre « de devenir participants de sa nature divine » (2 P 1,4).


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