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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

mardi, 23ème semaine du temps Ordinaire.

L’appel ou la nomination des douze élus est solennelle et pour cause : ce sont « les fondations » (Ep 2,20) sur lesquelles le Seigneur va construire son Eglise dont il est la « Pierre angulaire » (Ibid). Nous savons très peu de choses sur ces hommes - sur leur origine, leur âge, leur profession, leur état de vie, leur appartenance sociale, etc. - sinon qu’ils ont été choisis pour être les prémisses d’un peuple nouveau. « Voici que je fais toutes choses nouvelles » (Ap 21,5) : leur véritable identité ne leur vient pas de leur généalogie, mais de celui qui par son appel les arrache au monde ancien et fait d’eux « les portes de la Cité Sainte, la Jérusalem nouvelle » (Ap 21,12).
Il est émouvant de constater qu’à de petites variantes près, la liste des Apôtres proposée par les différents évangiles présente de forts traits communs, comme si elle reflétait déjà l’organisation permanente du collège apostolique qui a pris ses fonctions après Pâques. Simon est toujours nominé en premier ; il est d’ailleurs le seul à qui Jésus donne un nouveau nom pour signifier la rupture avec le passé et la naissance à une identité nouvelle en vue d’une mission particulière et unique : « Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise » (Mt 16,18). En dernier Judas originaire de Karioth, dont saint Luc précise d’emblée qu’il « fut le traître ». Quelle audace et quel courage de la part de Jésus de choisir et d’appeler celui-là même qui le dénoncerait, nous laissant ainsi entrevoir qu’aucune lâcheté ne peut mettre en échec sa confiance, qu’aucune trahison ne peut venir à bout de sa patience. Entre Simon et Judas, entre fidélité chancelante et trahison, se déploient les noms des Douze, préfigurant la démarche boitillante de l’Eglise de tous les temps.
Jésus les a choisis comme ses schaliah, ses envoyés ; plus précisément : ses « fondés de pouvoirs » au sens fort du terme. De même que le Père est présent et agissant en son Fils qu’il a envoyé, ainsi Jésus est réellement présent et agissant dans ses apôtres qu’il envoie en son nom. Le schaliah est beaucoup plus qu’un simple représentant : tout ce que fait l’envoyé, est considéré comme accompli par celui-là même qu’il représente. Comme le souligne le Talmud avec insistance : « Le schaliah d’un homme est un autre lui-même ». Cette mission revient en premier aux Apôtres et à leurs successeurs les Evêques, assistés des prêtres et des diacres, c’est-à-dire aux ministres « ordonnés », que le sacrement de l’Ordre a oint de manière à être configurés à la Personne du Christ Tête de l’Eglise, afin de pouvoir agir en son nom. Mais tout baptisé est « oint » de l’Esprit, qui en fait un autre Christ, comme l’indique le beau nom de « chrétien ». Saint Paul formule cette identification sacramentelle au Christ dans une expression très éloquente : le chrétien est celui qui « vit dans le Christ Jésus, le Seigneur » (1ère lect.). L’expression grecque « en Christo » n’apparaît pas moins de 72 fois sous la plume de Paul, comme une invitation constante à nous souvenir que la vie chrétienne est essentiellement une vie en Christ : le chrétien vit de la vie même de l’Esprit qui repose sur Jésus le Christ. Aussi l’Apôtre nous exhorte-t-il : « Soyez enracinés en lui, construisez votre vie sur lui ; restez fermes dans la foi telle qu’on vous l’a enseignée, soyez débordants d’action de grâce » (Ibid.). Et il ajoute une invitation à la vigilance d’une extraordinaire actualité : « Prenez garde à ceux qui veulent faire de vous leur proie par leur philosophie trompeuse et vide fondée sur la tradition des hommes, sur les forces qui régissent l’univers, et non pas sur le Christ » (Ibid.).
Cependant, même si nous avons été trompé par l’ennemi, souvenons-nous du verset conclusif de l’Evangile de ce jour : « Ceux qui étaient tourmentés par des esprits mauvais en étaient délivrés. Et toute la foule cherchait à le toucher, parce qu’une force sortait de lui et les guérissait tous ». Cette Parole peut s’accomplir aujourd’hui pour chacun de nous, car tous nous pouvons « toucher » Jésus par notre foi et accueillir la puissance de l’Esprit qui continue à guérir et à délivrer ceux qui mettent en Dieu leur espérance, car le Seigneur a définitivement « dépouillé les puissances de l’univers ; il les a publiquement données en spectacle et les a traînées dans le cortège triomphal de la croix » (Ibid.).

« “Je t’exalte, Jésus, mon Dieu et mon Roi ; je bénirai ton nom toujours et à jamais” (cf. Ps 144) : tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. “En toi j’ai tout reçu en plénitude ; car en toi, dans ton propre corps” auquel je peux communier chaque jour dans ton Eucharistie, “habite la plénitude de la divinité” (cf. 1ère lect.). De même que tu m’as choisi de toute éternité, aujourd’hui je te choisis comme mon Seigneur et mon Sauveur ; désormais je veux vivre avec toi, par toi et en toi, pour le temps et l’éternité, Amen ! »


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