Catholic.net International English Espanol Deutsh Italiano Slovensko
 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
Navigation: Homélie

 

Homélie

mercredi, 23ème semaine du temps Ordinaire.

Tout comme Moïse, Jésus descend de la montagne où il a rencontré Dieu dans l’intimité de la prière, pour rejoindre le peuple qui l’attend dans la plaine.
« Regardant alors ses disciples » : les Béatitudes ne sont pas un discours programme, mais l’évaluation d’une situation de fait : la pauvreté, la faim, les larmes de ces hommes et de ces femmes venus jusqu’à lui sont bien réelles, ainsi que les sévisses qu’ils subissent de la part des chefs religieux, en raison de leur sympathie pour le Rabbi de Nazareth.
« Heureux êtes-vous… » : ces paroles jaillissent de la profonde solidarité qui unit Jésus à cette foule de petits ; solidarité signifiée par le regard du Seigneur et prolongée dans la structure même des Béatitudes. Jésus ne béatifie pas la pauvreté ou la tristesse : c’est parce que le dénuement et le chagrin ont conduit ces hommes et ces femmes à chercher en lui leur richesse et leur consolation que le Seigneur peut paradoxalement les déclarer bienheureux.
Le cheminement du troisième Evangile nous a fait comprendre en effet que le Royaume est rendu présent dans la personne de Jésus ; dès lors en proclamant : « le Royaume de Dieu est à vous », Notre-Seigneur déclare solennellement qu’il appartient à ces hommes et ces femmes qui lui font confiance ; il s’engage à les rassasier de sa présence ; il promet qu’il sera lui-même leur joie.
Il est peu question des pauvres dans la littérature classique grecque ou latine : on y exalte plutôt les héros. Les Béatitudes tout au contraire, conduisent à son accomplissement un mouvement amorcé dans la première Alliance, qui prend en compte et défend le droit des pauvres à une vie digne ; Jésus renchérit : leur droit au bonheur. Les Béatitudes nous enseignent même qu’ils sont prioritaires ; plus exactement : depuis que Dieu est venu comme un pauvre parmi les plus pauvres, ceux-ci sont les mieux placés pour trouver en lui le bonheur, car ils sont déjà « morts avec le Christ aux réalités de la terre, et leur vie est cachée avec lui en Dieu. Aussi, quand paraîtra le Christ, eux aussi paraîtront avec lui en pleine gloire » (1ère lect.).
« Jésus en effet ne s’est pas contenté d’énoncer les Béatitudes, nous rappelait Jean-Paul II à Toronto. Il les a vécues. Parcourant de nouveau sa vie, relisant l’Évangile, nous restons émerveillés : le plus pauvre parmi les pauvres, l’être le plus doux parmi les humbles, la personne au cœur le plus pur et miséricordieux, c’est précisément lui, Jésus. Les béatitudes ne sont que la description d’un visage, son Visage ! »
Le paradoxe - et pour beaucoup le scandale - de la solidarité divine avec les plus démunis, c’est qu’elle ne se traduit pas par l’apport d’une solution sociale, économique ou politique. Dieu ne vient pas nous visiter chargé de devises, ni de « pains et de jeux » pour nourrir et distraire les foules ; il vient à nous les mains vides, n’ayant à nous offrir que sa pauvreté, ses propres larmes et sa propre souffrance.
D’aucuns diront : « à quoi bon ? », ironisant sur l’impuissance de ce Tout-Puissant incapable de sortir l’homme de sa misère. Parce qu’il a plu à Dieu dans sa bienveillance, de nous sauver par le chemin paradoxal d’une solidarité impuissante, qui n’a à offrir que sa proximité, son amour qui se fait communion. Nous voilà au cœur du mystère de notre foi : Dieu n’a pas craint de voiler sa gloire pour demeurer proche de nous jusque dans l’abaissement de la mort ; dans sa sagesse divine et sa liberté suprême, il a décidé de nous sauver « ni par puissance ni par force », mais par la fidélité de son amour humilié. Oserons-nous le suivre sur ce chemin paradoxal du bonheur que balisent les Béatitudes ? Oserons-nous nous prosterner avec les Mages devant ce « nouveau Roi, si différent de ce que nous attendions » (Benoît XVI) ? Oserons-nous entrer dans la démarche des ces Sages venus d’Orient dont le pape Benoît XVI décrivait l’attitude aux jeunes rassemblés à Marienfield : « Ils devaient changer leur idée sur le pouvoir, sur Dieu et sur l’homme, et, ce faisant, ils devaient aussi se changer eux-mêmes. Maintenant ils le constataient : le pouvoir de Dieu est différent du pouvoir des puissants de ce monde. Il oppose le pouvoir sans défense de l’amour qui, sur la Croix - et ensuite continuellement au cours de l’histoire - succombe, et qui cependant constitue la réalité nouvelle, divine, qui s’oppose à l’injustice et instaure le Règne de Dieu. Dieu est différent - c’est cela qu’ils reconnaissent maintenant. Et cela signifie que, désormais, eux-mêmes doivent devenir différents, ils doivent apprendre le style de Dieu ».

« Marie, Mère de Jésus, donne-moi ton cœur si beau, si pur, si immaculé, si plein d’amour et d’humilité afin que je puisse recevoir Jésus dans le Pain de Vie, l’aimer comme tu l’as aimé, et le servir comme tu l’as servi dans le déguisement misérable des plus pauvres des pauvres » (Bienheureuse Teresa de Calcutta).


Accueil | Version Mobile | Faire un don | Contact | Qui sommes nous ? | Plan du site | Information légales