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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

mardi, 33ème semaine du temps ordinaire

« Je connais ta conduite : tu n’es ni froid ni brûlant ; aussi, puisque tu es tiède, je vais te vomir » (1ère lect.). Terrible parole qui fait frémir ! Heureusement que « le témoin fidèle et véridique », « l’Amen », c’est-à-dire Jésus lui-même, ajoute : « Tous ceux que j’aime, je leur montre leurs fautes et je les châtie ». Le reproche vigoureux de tiédeur adressé à l’Église de Laodicée procède de son amour pour nous, et est en vue de notre conversion : « Sois donc fervent et convertis-toi ».
L’attitude que Jésus dénonce vigoureusement dans l’Apocalypse, rejoint celle des pharisiens qui « récriminaient » contre lui en voyant qu’il s’est invité chez un pécheur aussi notoire que Zachée. Les chefs religieux en effet se croyaient « riches » devant Dieu : n’étaient-ils pas parmi les notables du peuple élu ? Leurs œuvres ne plaidaient-elles pas en leur faveur ? Hélas, ils ne se rendaient pas compte – pas plus que chacun d’entre nous lorsque nous tombons dans l’autosatisfaction spirituelle – qu’ils étaient « malheureux, pitoyables, pauvres, aveugles et nus », et cela au moment même où ils pensaient « ne manquer de rien » pour accéder au Royaume. Dès qu’intérieurement nous perdons la componction, la vanité nous fait tomber dans la tiédeur. Si de plus nous avons cultivé « la réputation d’être vivants », nous ne nous rendrons même plus compte qu’en fait « nous sommes morts », car nous ne puisons plus notre vie à sa Source, c’est-à-dire dans la miséricorde divine. Il faut souvent une grosse épreuve pour nous ouvrir les yeux, nous réveiller de notre suffisance et nous permettre de prendre conscience du triste état de notre vie intérieure.
Zachée, lui, ne se faisait plus d’illusion sur l’état de son âme : il se savait « collabo », voleur, en infraction par rapport à la loi des hommes et à celle de Dieu. Il y a longtemps qu’il ne se réchauffait plus à la flamme de la prière communautaire dont il était exclu. Pour être froid, il était froid : « sicut cadaveris » !
À vrai dire, les quolibets ironiques par lesquels il répondait au mépris des gens bien-pensants, cachaient mal sa souffrance intérieure. Car lui aussi était « un fils d’Abraham » et le sang du patriarche bouillonnait dans ses veines. Mais comment faire pour sortir de l’impasse dans laquelle il s’était peu à peu laissé enfermer ? Certes son cœur n’était plus réchauffé par la grâce, mais la flamme de son désir brûlait encore. Elle brûlait même bien davantage que dans le cœur des pharisiens satisfaits par la température ambiante de leur vie religieuse confortable. Aussi ces messieurs tenaient-ils ce Rabbi de Nazareth à l’œil ; il ne faudrait pas qu’il nous change la religion : les écarts de température sont nuisibles à la santé !
Zachée aussi « cherche à voir Jésus », mais pour une tout autre raison : et si ce Rabbi avait le pouvoir de le réconcilier avec son Dieu, qui lui manquait tellement depuis qu’il avait lâché sa main ?
Zachée était peut-être de petite taille mais il avait du tempérament : il savait ce qu’il voulait et savait prendre les moyens de ses ambitions. Il n’hésite pas, et « courant en avant, il grimpe sur un sycomore » qui surplombe la route « pour voir Jésus qui devait passer par là ».
Pourquoi Notre-Seigneur choisit-il de passer la nuit chez le chef des collecteurs d’impôts de la région ? Parce qu’il était riche et que sa maison était confortable ? C’est peu probable : nous savons que Jésus préférait la pauvreté à la richesse. D’ailleurs, le regard de ce petit homme perché dans son arbre ne proclame pas : « Je suis riche, je me suis enrichi, je ne manque de rien » ; mais il crie plutôt sa détresse. Il se sait « malheureux, pitoyable, pauvre, aveugle et nu » et supplie intérieurement Jésus de venir à son aide. La réponse du Seigneur le fait tressaillir de joie : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si tu entends ma voix, Zachée, et si tu ouvres la porte de ton cœur, j’entrerai chez toi ; je prendrai mon repas avec toi, et toi avec moi ». D’un bond Zachée descend de son arbre, et traversant la foule, il tombe aux pieds de Jésus, le suppliant : « Voilà Seigneur, je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens pour acquérir l’or de la charité purifié au creuset de mon repentir ; si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus afin de pouvoir purifier mes yeux avec “le collyre ” de la justice ». Alors Jésus lui répond : « Aujourd’hui le salut est entré dans ta maison. Reçois le “vêtement blanc du vainqueur ” et “ siège près de moi sur mon trône ”. Puisque tu as choisi le chemin de l’humble repentance et de la conversion, j’inscris ton nom dans le livre de vie et “je me prononcerai pour toi devant mon Père et devant ses Anges ”. En effet, « le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu ».


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