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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

Férie de l’Avent

« Que pensez-vous de ceci ? » Jésus nous invite à prendre position par rapport au comportement du propriétaire des brebis. Si nous répondons spontanément, nous nous étonnerons sans doute de la réaction impulsive de cet homme. Certes son souci de retrouver la brebis égarée est louable, mais sa décision n’expose-t-elle pas le reste du troupeau à tous les dangers qui rôdent « dans la montagne » où il l’abandonne ? La prudence élémentaire ne l’obligeait-elle pas à prendre le temps de rentrer le troupeau dans la bergerie avant de se lancer « à la recherche de la brebis égarée » ?
Après ce premier mouvement de surprise devant le comportement pour le moins paradoxal de cet homme, une lecture plus attentive nous aide cependant à entrer dans la logique de son choix.
Pour commencer, le récit ne dit pas qu’il est le « berger » du troupeau, mais son « propriétaire ». Nous sommes donc en droit de penser que lorsqu’il se met en quête de l’égarée, les quatre-vingt-dix-neuf autres brebis demeurent sous la vigilance attentive des bergers à qui le propriétaire a confié son troupeau. Cette interprétation cadre tout à fait avec le contexte du récit dans le premier Évangile. Alors que saint Luc propose cette parabole au chapitre 15 consacré à la miséricorde, saint Matthieu l’insert dans un enseignement portant sur la communauté des disciples (Mt 18,1-35). Il vient d’insister sur la place centrale qui revient aux « petits » dans l’Église : « Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car, je vous le dis, leurs anges dans les cieux voient sans cesse la face de mon Père qui est aux cieux » (Mt 18,11). Suit immédiatement la péricope de ce jour. Le « petit » qui devient la « brebis égarée », représente donc le néophyte - le croyant « nouveau-né » - qu’il faut à tout prix préserver du « scandale » (Mt 18,7), afin de ne pas provoquer sa chute (Mt 18,6), ou son égarement. Et si par malheur « un de ces petits » était « entraîné au péché par le scandale » (Mt 18,7), s’il s’égarait loin des chemins de l’Évangile en raison du contre-témoignage de ses aînés dans la foi, il faudrait sans tarder partir à sa recherche pour le retrouver et le ramener dans la communauté du salut. Car le Bon Berger s’est fait Agneau et s’est offert en sacrifice, pour racheter et « rassembler dans l’unité tous les enfants dispersés » de son Père (Jn 11,52), « qui ne veut pas qu’un seul de ces petits soit perdu ». Le verset qui suit immédiatement notre péricope confirme également cette interprétation, puisque Notre-Seigneur y explicite la procédure de réconciliation à mettre en œuvre pour ramener dans le droit chemin les frères égarés dans le péché.
Le propriétaire des brebis, c’est le Père, qui les confie à son Fils : « Elles étaient à toi, tu me les as données » (Jn 17,6). Dès lors celui-ci peut agir comme si les brebis lui appartenaient ; en effet : « Ceux que tu m’as donnés sont à toi, et tout ce qui est à moi est à toi, comme tout ce qui est à toi est à moi » (Jn 17,10). « L’homme qui possède les brebis » et qui, laissant son troupeau dans la montagne, part « à la recherche de la brebis égarée », c’est donc d’abord le Christ ; mais aussi tout disciple qui partage la préoccupation de Jésus pour les brebis que le Père lui confie. Le souci des « petits entraînés à la chute » ne se fait pas au détriment du reste de la communauté, pas plus que la recherche de la brebis égarée n’expose le troupeau à l’abandon : les responsables - les « bergers » - ont à assumer leur ministère au sein de leur communauté, tout en gardant le souci des brebis égarées. Tout responsable d’Église est en effet appelé à porter à la fois le souci personnel de l’Église locale qui lui est confiée, et la charge apostolique de l’annonce de la Bonne Nouvelle à tous les hommes - à commencer par ses frères dans la foi qui se sont éloignés des chemins de l’Évangile : « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils, et du Saint Esprit ; et apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20).
En raison de la solidarité qui unit les « membres de la famille de Dieu » (Ep 2,20)), tous accompagnent par leur prière et leur supplication celui qui est allé chercher la brebis égarée ; ils partagent sa quête angoissée, et exultent avec lui lorsqu’elle s’est enfin laissée trouver, et consent à reprendre sa place parmi ses frères et sœurs dans la communauté du salut.

« Seigneur, “enlève mon cœur de pierre, et donne-moi un cœur de chair” (Ez 36, 26), compatissant et miséricordieux. Ne permets pas que je demeure indifférent devant les égarements de mes frères, mais que le désir brûlant de leur salut me fasse courir à leur recherche. Que l’Esprit Saint mette sur mes lèvres les paroles qui touchent leur cœur et leur permettent de découvrir que tu es un berger plein de tendresse, qui “cherche la brebis perdue et ramène l’égarée ; qui soigne celle qui est blessée et rend des forces à celle qui est faible ; qui garde et fais paître avec justice celle qui est grasse et vigoureuse” (Ez 34, 16-17). »


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