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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

4e dimanche de l’Avent

« Après un temps de délaissement, viendra un jour où enfantera celle qui doit enfanter ». Le temps de l’Avent est celui où nous apprenons à vivre le temps de Dieu. Notre vue, en effet, est très courte. Notre désir d’être comblés, le souhait ardent que nous avons de connaître le bonheur que Dieu nous a promis, sont tels que nous adoptons souvent, malgré nous, une attitude un peu infantile, ne supportant aucun délai. Dieu aurait-il quelque retard ? Prendrait-il plaisir à nous faire languir ? Dieu aurait-il oublié sa parole ? Nous aurait-il livrés à nous-mêmes, cloisonnés dans « un temps de délaissement » dont rien n’annonce la fin ?

Aujourd’hui le prophète Michée nous apprend que le Seigneur œuvre sans cesse à la réalisation de sa promesse. Ce qui nous manque pour le voir agir est d’apprendre le temps de Dieu. Le temps de son silence est en effet celui de la grossesse. Nous savons qu’il œuvre à notre salut, mais il nous faut redécouvrir comment il s’y prend avec chacun de nous. A l’échelle d’un peuple, l’épaisseur de l’Ancien Testament nous l’enseigne, le temps de la grossesse traverse les siècles. A l’échelle de notre vie, les choses peuvent aller bien plus vite. Notre Avent, qui cette année ne fait pas quatre semaines, nous le montre. Nous sommes dans l’urgence de la préparation ultime. Très bientôt, Dieu choisit de se révéler dans la faiblesse d’une femme enceinte. La puissance de sa royauté se manifeste dans « le plus petit des clans de Juda », comme nous le dit le prophète. Le berger que son troupeau dispersé attend, arrive pour rassembler les nations et leur donner la paix.

Telle est la douceur du temps de l’Avent. Il nous faut la pénétrer pour goûter pleinement la paix de Noël. Cette paix n’est pas une simple absence de guerre, une disparition de toutes les agressions qui nous font souffrir. Aussi nous faut-il ouvrir les oreilles de notre cœur, affiner la sensibilité de notre âme. Nous vivons le temps où le Dieu caché fait pressentir sa présence, avant de la dévoiler entièrement. Cette phase de reconnaissance nous fera découvrir l’étoile qui mène à la crèche. Pour la distinguer entre toutes, nous aurons en effet à écouter l’appel intérieur, la voix du « berger d’Israël » que nous attendons.

Aussi le psaume nous fait-il entonner la réponse juste à ce mystère de délicatesse : « Jamais plus nous n’irons loin de toi : fais-nous vivre et invoquer ton nom ! ». Telle est l’ultime préparation à l’accueil de l’enfant divin. IL ne faut pas nous préparer à nous asseoir béatement dans une étable mais nous laisser renouveler par une vie entièrement nouvelle. L’enfant divin ne vient pas, en effet, pour être adulé, mais pour rassembler ses brebis. Honorons cette venue que nous avons tant désirée en nous décidant enfin à rester à ses côtés pour toujours. « Berger d’Israël, (…) viens nous sauver ! ».

Ce cri est celui qui nous fait entrer dans l’attitude filiale, qui nous dévoile la vraie nature de notre sauveur. Saint Paul nous le dit dans la deuxième lecture : « En entrant dans le monde, le Christ dit (…) : me voici, mon Dieu, je suis venu pour faire ta volonté ». C’est la volonté du Père de sauver l’humanité esclave du péché et de la mort. C’est la volonté du Fils de faire de sa vie une offrande au Père pour le salut des hommes. C’est notre volonté à nous de toujours rester auprès du Christ notre berger ; c’est donc notre volonté propre de faire de notre vie une offrande pour le salut des hommes. Nous voulons entrer dans l’alliance nouvelle. Nous voulons pénétrer le mystère de Noël, nous voulons apprendre de l’enfant de la crèche à dire « Père, me voici ».

Cette méditation et ce désir nous tournent tout naturellement vers Marie, la servante du Seigneur. « Comment ai-je ce bonheur que la mère du Seigneur vienne jusqu’à moi ? », s’écrie Élisabeth. Celle qui a dit le « me voici » le plus pur et le plus parfait qui se puisse concevoir, vient à notre rencontre, brûlée du désir de salut pour tous les hommes. L’évangile ne nous la présente pas comme un santon, attendrissant mais inerte. Marie se dépêche. Marie accourt. Elle connaît le temps de Dieu mais son désir est tel qu’elle semble, dans sa course, vouloir nous apporter l’Enfant avant l’heure.

Accueillons-la comme il se doit. La grâce qui nous est donnée au seuil de la fête de la Nativité est une effusion de l’Esprit Saint. « Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint » nous dit saint Luc. Accueillir Marie qui vient à nous, accueillir son fils qui se donne à nous, est faire nôtre sa disponibilité à l’Esprit, c’est-à-dire sa pureté de cœur. Utilisons cette dernière journée pour nous centrer sur l’essentiel, pour chercher l’étoile qui brille dans nos nuits. Redécouvrons au fond de nous-mêmes la vie qui se donne perpétuellement à nous. Cette vie est notre joie. Elle est le don ineffable que nous avons reçu au jour de notre baptême. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit. La Sainte Trinité est le sens et le terme de nos propres vies. Car le désir de Marie qui accourt vers nous est de nous apprendre à enfanter Dieu dans nos vies. À ouvrir les yeux de nos cœurs sur la gloire qui nous est donnée. À entrer dans l’exultation d’Élisabeth dont les yeux s’ouvrent à la présence discrète du Dieu qui se fait proche, l’Emmanuel.

Alors nous entrerons dans la joie de Noël. Alors, comme Marie auprès d’Élisabeth, nous serons les relais de cette joie qui, de proche en proche, va embraser le monde entier.

Donne-nous Seigneur un cœur sensible à ta présence dans nos vies. Renouvelle-nous dans le don de ton Esprit. Que par notre présence simple et joyeuse, comme Marie auprès d’Élisabeth, nous soyons des témoins de ton amour pour que l’ensemble de ton troupeau accoure auprès de toi, notre berger, notre Seigneur, notre Dieu.


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