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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

Férie de Carême

« Le Seigneur est tendresse et pitié ; sa bonté est pour tous, sa tendresse pour toutes ses œuvres. Il est fidèle en tout ce qu’il fait » (Ps 144). Cet extrait du psaume responsorial résume l’enseignement de la liturgie de la Parole de ce jour. Dans la méditation « Ad amorem » qui clôture les exercices spirituels, saint Ignace de Loyola s’émerveille devant l’humilité avec laquelle Dieu se met à notre service, travaillant sans cesse pour nous dans le plus grand effacement, afin de nous procurer à chaque instant « la vie, le mouvement et l’être » (Ac 17,28). Cette action discrète est tout autant celle d’une mère que d’un père : les termes de la première lecture ne laissent subsister aucun doute : « Une femme peut-elle oublier son petit enfant, ne pas chérir le fils de ses entrailles ? Même si elle pouvait l’oublier, moi je ne t’oublierai pas ». Le Père se penche sans cesse sur chacun de nous avec une sollicitude maternelle, tout en prenant les initiatives qui s’imposent conformément à son ministère paternel : « Même sur les chemins, mes brebis pourront paître, dans toutes les terres désolées elles trouveront des pâturages. Car celui qui a eu pitié d’elles les guidera, et vers les sources il les conduira » (1ère lect.). C’est parce que Dieu a été bouleversé jusqu’en ses entrailles maternelles devant notre triste sort, qu’il est venu nous sauver, comme un père vient en aide à ses enfants : « Au moment favorable je t’ai exaucé, au jour du salut je suis venu à ton secours » (Ibid.).
Nous le croyons : c’est en Jésus que Dieu réalise cette promesse comme Notre-Seigneur lui-même l’annonçait dans son discours programme donné à la synagogue de Nazareth au début de son ministère (Lc 4,18-21). En Jésus nous voyons à l’œuvre cette maternité-paternité divine qui se met en peine pour chacun de ses enfants : « Mon Père, jusqu’à maintenant, est toujours à l’œuvre, et moi aussi, je suis à l’œuvre. Le Fils fait ce qu’il voit faire par le Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement ». Jésus est pour nous la visibilité du Père - « Qui m’a vu, a vu le Père » (Jn 14,9) - celui qui nous révèle sa tendresse miséricordieuse et sa fidélité inébranlable. Entre l’intention et l’action du Père et du Fils, aucune dissonance : elles procèdent de leur parfaite communion d’amour dans l’Esprit, et de leur commun amour pour les hommes. De même que le Père arrache à la mort - fonction paternelle - et donne la vie - fonction maternelle - ainsi le Fils a reçu « tout pouvoir pour juger » - fonction paternelle - et il « donne la vie à qui il veut » - fonction maternelle.
Nous avions déjà pressenti ces deux polarités dans la personnalité et dans le ministère de Jésus : il est certes la Parole de Dieu, et en tant que tel, il exprime la paternité divine qui instruit, reprend, éduque, corrige, conduit, etc. Mais que de fois Notre-Seigneur n’est-il pas « ému jusqu’aux entrailles » devant la détresse de la foule, la souffrance des malades, les larmes des malheureux ? Il aura même cette expression étonnante : « Jérusalem, Jérusalem, combien de fois j’ai voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes ! » (Mt 23,37). Parce qu’il est la visibilité du Cœur du Père, le Cœur de Jésus incarne conjointement la paternité et la maternité divines à l’égard de chacun de ceux que son Père lui confie ; c’est ainsi qu’il les arrache à la mort et leur donne part à sa vie : « L’heure vient où tous ceux qui sont dans les tombeaux vont entendre la voix du Fils de l’homme, et ils sortiront : ceux qui ont fait le bien, ressuscitant pour entrer dans la vie, ceux qui ont fait le mal, ressuscitant pour être jugés ». Cette « heure » est bien sûr celle de la Croix, lorsque le Fils de Dieu descendra dans la mort pour prendre autorité sur elle, et appeler à lui les brebis qu’elle tenait en son pouvoir : « L’heure vient où les morts vont entendre la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendue vivront ». Ils « sortiront » de la mort « pour entrer dans la vie » : ce n’est donc pas une parcelle de la vie divine qui nous sera attribuée, mais nous serons tout entiers immergés dans la plénitude de cette vie, qui nous « remplira comme les eaux recouvrent le fond de la mer » (Is 11, 9). Quant à « ceux qui ont fait le mal », c’est-à-dire ceux qui ont refusé « d’entendre la voix du Fils de Dieu », eux aussi ressusciteront car Jésus a livré sa vie pour le salut de tous les hommes, sans exception. Mais ils seront à eux-mêmes leur propre juge, si du moins ils persistent dans leur refus « d’entrer dans la vie » à laquelle Dieu les avait destinés.

« Seigneur réveille-nous de notre torpeur spirituelle : que par notre indifférence nous ne soyons pas les artisans de notre propre malheur. Donne-nous de reconnaître ta voix et de te suivre. En toi, Jésus, nous découvrons le vrai visage du Père : visage de tendresse maternelle et de fidélité paternelle. Que la lumière de ta Parole révèle toutes les défigurations que nous lui faisons subir et qui nous enferment encore dans la peur ; qu’elle renverse les idoles que nous nous sommes construits sur l’horizon de nos blessures psychologiques et des suggestions du démon. Donne-nous de découvrir le travail patient de ton amour au cœur de nos vies quotidiennes, et nous pourrons te rendre grâce avec le psalmiste en confessant : “Le Seigneur est proche de ceux qui l’invoquent, de tous ceux qui l’invoquent en vérit锠».


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